PATRICK PIÉRART :  » LA WALLONIE A BESOIN D’UNE RUPTURE « 

Les espoirs du FDF en Wallonie reposent pour une large part sur ses épaules de colosse. Tête de liste à Mons-Borinage pour les élections régionales, Patrick Piérart a le zèle des convertis : il n’a rejoint le parti qu’en novembre dernier. Conseiller communal de Colfontaine, bourgmestre de 2003 à 2007, cet ex-socialiste a longtemps siégé à l’exécutif de la fédération montoise du PS. Directeur d’une école de promotion sociale à Saint-Ghislain, il était déjà candidat aux régionales de 2004. Il retourne au front dix ans plus tard, contre ses anciens camarades cette fois. Ironie de l’histoire : il affrontera une liste PS emmenée par Nicolas Martin, bourgmestre de Mons et… ex-président des Jeunes FDF.

Le Vif/L’Express : Avouez-le, vous n’avez guère de chance d’être élu.

Patrick Piérart : Cinq sièges sont en jeu à Mons-Borinage. C’est un de moins qu’en 2009. Mon pronostic ? Le PS va tomber à deux sièges. Le MR n’en décrochera qu’un seul. Ecolo n’est pas en grande forme. Le CDH se déglingue depuis vingt ans… J’y crois.

Quelle est la valeur ajoutée du FDF en Wallonie ?

Nous sommes la troisième voie. PS et MR se livrent à un duel stérile sur la fiscalité. Le FDF représente une alternative au centre, entre une gauche et une droite aussi dogmatiques l’une que l’autre. Il y a déjà quatre partis traditionnels. Si c’est pour proposer la même chose qu’eux, notre présence n’a pas de sens ! On doit aller vers des choses nouvelles, c’est ce que j’ai essayé d’apporter dans le programme du FDF. J’y ai inclus le remboursement des aides publiques aux entreprises. Si une société qui a bénéficié d’aides publiques, après dix ans, réalise des bénéfices, une certaine rétrocession me paraît normale. Non pour le plaisir de prendre de l’argent, mais pour récupérer des fonds qui vont permettre d’aider d’autres projets économiques.

La troisième voie, le centre : vous voulez prendre la place du CDH ?

Nous voulons un centre, mais un centre dur, qui croit dans ce qu’il dit, pas un centre mou qui va à gauche puis à droite. Le FDF propose un monitoring de la dette wallonne par la Cour des comptes. Tout le monde sait aujourd’hui que la dette régionale s’élève à 11 millions d’euros, alors que le ministre du Budget, André Antoine, a soutenu mordicus que c’était 6 millions. Comment la population peut-elle avoir confiance dans ses représentants politiques quand on lui offre un spectacle aussi lamentable ? Il ne faut plus aller au cirque. Vous regardez le journal télévisé, vous avez votre place pour Bouglione. Et Ecolo n’incarne pas non plus cette alternative dont la Wallonie a besoin…

Pourquoi ?

Il n’y a rien de pire pour des mandataires politiques que de ne pas inspirer confiance. Les écologistes mettront de longues années à se remettre de leur gestion catastrophique du photovoltaïque. Pour le surplus, ils donnent toujours des leçons de bonne gouvernance, mais les cinq dernières années n’ont pas été décisives en la matière. Jean-Michel Javaux a déclaré qu’avant l’arrivée d’Ecolo au pouvoir, la Wallonie était pourrie. Il est gonflé à l’hélium, là.

Que proposez-vous pour améliorer la gouvernance en Wallonie ?

La Wallonie a besoin d’une rupture en matière de gestion publique. La région souffre déjà d’une situation budgétaire compliquée. Les conséquences de la sixième réforme de l’Etat seront de l’ordre de la bombe atomique. Et il faut en plus dégager des moyens pour la relance. Donc chaque euro dépensé doit être efficace. Le FDF est pour le maintien des provinces, mais il faut une sérieuse remise en ordre dans les intercommunales, dans tous ces instances bureaucratiques qui ne sont pas directement élues.

Entretien : François Brabant

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