Passeport pour la vie

Des tombeaux de papier pour sa famille et pour tous les Tutsi décimés en 1994… C’est bien ce que façonne roman après roman Scholastique Mukasonga. Née en 1956 au Rwanda, prix Renaudot 2012 pour Notre-Dame du Nil, la romancière décrit, dans ce récit aussi passionnant qu’édifiant, le long chemin de croix qui fut le sien pour obtenir son diplôme d’assistance sociale, son  » passeport pour la vie « . Au départ, il y a le père, le sage Cosmas, qui la pousse, elle, la troisième de ses filles, à s’instruire. Une gageure pour une Tutsi, dont la famille a été déportée dans le nord déshérité du pays en 1960. Elle prendra inévitablement les chemins de l’exil, lorsqu’en 1973, à 17 ans, elle sera chassée de son école. Solitude et tristesse. Sous l’oeil inquisiteur de Soeur Mariette, la jeune et brillante Rwandaise poursuit ses études au Burundi, mais n’obtiendra pas de poste. Préférence nationale… Des années à travailler pour des organisations internationales, un mari français, et, rebelote, en 1992, à Hérouville Saint-Clair : il lui faut retourner sur les bancs de l’école, son diplôme n’étant pas reconnu en France. Opiniâtre, la fille de Cosmas ? Oh, que oui. Et puis drôle, sensible, fine, et narratrice hors pair.

Un si beau diplôme !, par Scholastique Mukasonga, Gallimard, 192 p.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, notamment, La Dissipation, enquête littéraire sur l’auteur américain culte Thomas Pynchon par son traducteur français, page 40, et Quelle n’est pas ma joie, court mais consistant roman du grand auteur danois Jens Christian Grøndahl, page 41.

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