Frédéric Chomé, ancien d'Electrabel, est aujourd'hui le directeur de Factor X, un bureau de consultance en transition énergétique. © ERIC LALMAND/belgaimage

Ores : voici l’impact sur votre facture

Un expert indépendant, Frédéric Chomé, a réalisé la première étude calculant le coût considérable de la stratégie d’Ores pour le consommateur : 140 millions d’euros, en attendant plus !

C’est un ancien d’Electrabel. Aujourd’hui, Frédéric Chomé est directeur de Factor X, un bureau de conseil en stratégie climatique et développement durable, tant pour les entreprises que pour les pouvoirs publics. On lui doit la première expertise chiffrant le coût de l’affaire Ores/Electrabel sur la facture énergétique du consommateur ainsi que sur  » l’usage des fonds publics en vue de servir l’intérêt général « . Le Vif/L’Express a consulté son rapport en avant-première.

Résultats ? Le coût de la stratégie actuelle d’Ores – avec ses opérations comptables et les dividendes versés aux communes – s’élève à quelque 140 millions d’euros. L’expert estime en outre qu’Electrabel aurait potentiellement floué les communes à hauteur de… 250 millions d’euros dans les négociations relatives au double marché finalisées fin 2016 – le rachat par les communes des parts détenues par Electrabel dans Ores et, conjointement, la sortie des communes d’Electrabel Customer Solutions, l’entreprise qui gérait le rapport à la clientèle d’Electrabel. Ce marché, souligne-t-il, n’impacte pas dans l’immédiat la facture. Ce faisant, il confirme l’argumentation d’Ores. Mais à terme, écrit-il, il sera pratiquement impossible pour l’intercommunale de continuer à mener une politique de dividendes forte sans toucher aux tarifs.

Frédéric Chomé mesure donc l’impact sur la facture de la stratégie menée par Ores. Dans le détail.

Un premier point concerne des écritures comptables figurant dans le bilan de la société créée au départ de la fusion de huit intercommunales mixtes. Ce montant de 624 millions d’euros s’apparente à une réévaluation de la valeur comptable des réseaux de distribution composant Ores depuis fin 2008. Impact sur la facture ?  » Enorme, relève l’expert, cette réévaluation doit être amortie sur trente ans. Donc, 20 millions d’euros sont annuellement actés dans le compte de résultat, ils sont donc à charge des utilisateurs qui paient la facture des frais de distribution de l’électricité et du gaz.  »

Un deuxième point vise les investissements effectués chaque année par Ores à hauteur de 250 millions d’euros. Impact ?  » Réel, ces investissements (ou a minima leur amortissement) sont comptabilisés dans le tarif. Mais ils sont sans doute nécessaires pour disposer d’un réseau efficient au service de l’intérêt général.  » A cela s’ajoutent 8 millions d’euros par an d’immobilisations incorporelles (en termes comptables, des actifs de l’entreprise qui n’ont pas de substance physique et qui ne sont pas monétaires).  » Nous nous questionnons sur ce qui se cache derrière ce poste. D’habitude, les entreprises qui activent des immobilisations incorporelles disposent de brevets, de savoir-faire protégés ou activent des frais de recherche et développement. A priori, ces activités nous semblent assez éloignées de celles d’Ores.  »

Enfin, la politique de dividendes à l’égard des communes, via les intercommunales pures de financement, est substantielle : 78 millions d’euros en 2013, 60 millions en 2014 et 71 millions en 2015. Impact ?  » Evident, si on supprime le dividende, on peut revoir les tarifs à la baisse d’environ 50 euros par client et par an.  » C’est ce que l’on appelle un impôt déguisé…

Total annuel de cette stratégie Ores : 140 millions d’euros, donc, à charge des consommateurs.

Enfin, Frédéric Chomé confirme le montant colossal dont les communes auraient été flouées par Electrabel, fin 2016 : 250 millions d’euros. Qui induiront probablement une hausse prochaine des tarifs. Et c’est un ancien d’Electrabel qui le dit.

Par Olivier Mouton

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