Onde de choc

Quelle saga ! Une aile de centre-gauche qui se soulève, et c’est tout le landerneau politique francophone qui frémit ! Au moment même où il était débarqué, a-t-il été surpris, choqué, révolté ? Les trois, sans doute. Mais Gérard Deprez, l’Ardennais têtu, n’est pas du genre à encaisser les coups sans en donner. Il le sait mieux que quiconque, le jeu politique suppose la lutte, la violence, le mensonge, les intrigues, la duplicité. Inutile et vain de compter sur la tolérance, et encore moins sur la charité de Didier Reynders, l’ex-allié devenu subitement adversaire. Pour les beaux yeux, ou plutôt les prétendues voix de Rudy Aernoudt. Personnage troublant, au double, voire triple langage persillé de petites phrases provocantes, électron libre qui ne cesse de grenouiller dans d’étranges marigots, Aernoudt intrigue. Nul doute que son passage au MR, plus rapide que l’éclair, laissera des braises incandescentes.

Et pas seulement du côté du MCC ou du FDF. Au c£ur même du système présidentiel, très affaibli à la veille des élections. Reynders, tout comme avant lui Leterme, n’aurait-il plus la baraka ? Coulé ? Pas sûr. Mais sérieusement touché. Les temps de crise sont décidément bien durs pour les vieux briscards. Certes, l’épreuve peut rendre plus fort. Mais elle a pour conséquence, aussi, de faire bouger le jeu, de favoriser une nouvelle donne, d’affaiblir ou d’éliminer l’un ou l’autre acteur, de purger une situation. L’un chasse l’autre. Et pas nécessairement celui que l’on croit.

Le vaudeville pourrait faire sourire si les enjeux n’étaient aussi sensibles. Triste spectacle que celui qui se déroule chaque jour sous nos yeux et qui voit les procès d’intention, les règlements de comptes se multiplier. Hier encore, les francophones n’avaient pas de mots assez durs pour fustiger la balkanisation des partis démocratiques flamands en pleine chute libre dans les sondages. Aujourd’hui, les lignes se déplacent. Le MR, qui avait réussi à maintenir jusqu’ici un équilibre délicat entre centre-gauche et centre-droit, entre libéralisme social et programme plus  » musclé « , a reçu des coups de boutoir dont il peinera à se remettre. Pour une erreur de stratégie, un mirage, un coup de poker politique, l’image du leader est écornée, un lifting s’impose. L’homme a de la ressource, dans la jungle politico-politicienne, c’est un fauve. Mais le temps presse. La pagaille désormais est palpable dans le sud du pays aussi. Tous sont éclaboussés. Et quand bien même le genou à terre de son ennemi de vingt ans peut réjouir, dans un premier temps, Elio Di Rupo, que dire de ce front francophone désormais sonné et flottant ? Tout bénéfice pour les Flamands ! Mais, au fait, pour qui roule donc Rudy Aernoudt ?

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