Nuit blanche en vue

Mario Gotto prend la tête d’une nouvelle association, Vista, sorte d' »olivier » de l’édition et de la pensée. Dans ses cartons, une foule de projets. Dont une « nuit blanche à Bruxelles »

Mario Gotto, l’ancien responsable du Cire (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), prend la direction des Editions Vista, une formule réformée des Editions Vie ouvrière (EVO). Il espère en faire une plate-forme de réflexion susceptible d’encourager le débat et l’action sociale, dans les rangs de la « gauche plurielle ». Et il rêve, aussi, de créer des événements susceptibles de favoriser la réappropriation de la ville par ses jeunes habitants. Interview.

Le Vif/L’Express: Les Editions Vie ouvrière passent à la trappe: c’est un pan de l’histoire du Mouvement ouvrier chrétien qui s’effondre?

Mario Gotto: Les EVO – et, avant elles, les Editions jocistes (de la Jeunesse ouvrière chrétienne) – ont, il est vrai, occupé pendant près de septante ans une place importante dans le « pilier » de la démocratie chrétienne. Mais elles ont toujours privilégié le pluralisme à l’intérieur de la gauche. Aujourd’hui, la société se transforme, les clivages entre les mondes confessionnel et laïque s’estompent. Il était donc temps de moderniser nos instances. Désormais, des gens issus de la démocratie chrétienne, mais aussi du PS, de la FGTB, d’Ecolo et du monde associatif y seront officiellement représentés. Signe des temps: le premier livre que nous éditons est consacré au parti socialiste (1). Mais, au-delà de la publication, nous voulons devenir de véritables acteurs du changement en favorisant la réflexion et le rapprochement des partis de gauche.

Vous vous positionnez depuis longtemps, Mario Gotto, comme un acteur de changement. Qu’est devenue votre ambition, annoncée en août 2000, de créer, avec d’autres, un « syndicat de la vie quotidienne »?

Elle est, hélas, enterrée. Le « syndicat de la vie quotidienne », qui se voulait un mouvement citoyen indépendant, sans projet de participation au pouvoir mais susceptible de structurer l’ensemble des actions sociales qui émergent du terrain de la vie quotidienne, a été ressenti comme menaçant par trop d’acteurs traditionnels. Il nous a été impossible de résister.

Mais, aujourd’hui, vous avez de nouveaux projets dans vos cartons…

Et l’un de ceux-ci est d’ores et déjà promis à une concrétisation assez rapide: le 5 octobre prochain, Vista organisera la première « Nuit blanche à Bruxelles ». Nous avons emprunté l’idée à l’Espagne où, en 1999, des associations de jeunes de Gijon, dans les Asturies, ont créé un véritable événement: l’ouverture nocturne de toutes les infrastructures publiques sociales, culturelles et sportives de leur ville. L’initiative a fait un tabac, les jeunes se sont réapproprié ces espaces avec énormément d’enthousiasme. Depuis lors, chaque année, entre mai et octobre, toutes les grandes villes espagnoles ont « leur » nuit blanche. Avec, au programme, une foule d’animations sportives, culturelles et sociales créées par les jeunes eux-mêmes. Chez nous, c’est Bruxelles qui servira de tremplin, à l’automne. Liège et Charleroi devraient suivre. Je suis obsédé par la nécessité d’adapter la ville aux problèmes et, surtout, aux envies des jeunes, qui doivent se réapproprier l’espace public. Ce n’est pas en imposant des espèces de « couvre-feu » pour jeunes que l’on va sécuriser la ville. Il faut écouter, innover, oser. J’espère que cette initiative sera rapidement « récupérée » par les jeunes eux-mêmes, et qu’elle deviendra incontournable.

(1)Pour un socialisme rebelle, par Claude Demelenne, Editions Vista, 2002.

Entretien: Isabelle Philippon

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire