» Nous avons un sérieux problème avec les Wallons « 

BHV à peine bouclé, un nouveau front s’ouvre. Cette fois, entre Région wallonne et Communauté germanophone, pour une question de compétences à transférer. Ministre-président germanophone, Karl-Heinz Lambertz (PS) réclame son dû.

Il a sa mine des mauvais jours. L’£uf à peler avec les Wallons reste en travers de la gorge de Karl-Heinz Lambertz, ministre-président de la Communauté germanophone. Des mois que ça coince, que ça tourne en rond. Essentiellement pour une question de logement, d’aménagement du territoire et de tutelle des pouvoirs locaux. Que le gouvernement germanophone réclame à cor et à cri. Que son homologue wallon rechigne à lui céder. Gare : faute d’accord à l’amiable, Lambertz portera le contentieux à l’échelle du pays.

Le Vif/L’Express : Entre Wallons et germanophones, rien ne va plus ?

Karl-Heinz Lambertz : Je ne veux pas dramatiser, mais c’est du sérieux. La réunion commune des deux gouvernements, le 12 juillet, n’a pas livré les résultats promis. Le dossier est reporté à mars 2013. A cause d’un manque de consensus au sein du gouvernement wallon. Le problème n’est pas technique, mais purement politique. Abandonner une compétence n’est jamais facile et je veux tout faire pour trouver un accord avec les Wallons. Encore faut-il un interlocuteur qui fasse autre chose que m’envoyer sur une voie de garage.

Cette histoire casse un peu l’ambiance, dans le climat de détente communautaire que connaît la Belgique…

C’est assez symbolique : le jour où l’on peut dire  » BHV, c’est fini « , un nouveau problème communautaire se pose entre la Région wallonne et la Communauté germanophone. Les germanophones ne demandent pas de nouvelles compétences pour le plaisir de dire :  » Coucou, nous sommes là.  » Non : ces compétences doivent être absolument transférées afin d’assurer une meilleure gestion du devenir de la Communauté germanophone. La Communauté germanophone, limitée à ses compétences actuelles, n’est pas viable à terme. Nous devons être maîtres de notre territoire.

C’est l’heure de vérité pour les bonnes relations entre Wallons et germanophones ?

C’est un stress test, et je pèse le mot, pour l’article 139 de la Constitution [NDLR : censé formaliser les transferts de compétences de la Région wallonne vers la Communauté germanophone]. C’est un bon instrument, déjà utilisé en 1994, 1999 et 2004. Il a l’avantage de permettre une discussion bilatérale, en évitant que toute la Belgique ne doive s’occuper de ce dossier. Mais si ce dialogue bilatéral échoue, il faudra en arriver là. Auparavant, des démarches individualisées vont être entreprises auprès des ministres régionaux wallons et des présidents de parti.

Quel avenir pour les germanophones dans la Belgique de demain ?

Nous serons un jour une Région. Depuis près d’un demi-siècle, nous sommes une des entités de ce pays, indépendamment de notre taille, de notre superficie et du nombre d’habitants : c’est le traité de Versailles [NDLR : il a rattaché les cantons de l’Est à la Belgique en 1919] qui en a décidé ainsi. Ce que nous demandons, c’est de la compréhension. Nous sommes des habitants de Wallonie qui parlons allemand, nous ne sommes pas des Wallons germanophones.

ENTRETIEN : PIERRE HAVAUX

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