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Notre voix nous trahit

Notre voix fait partie intégrante de notre personnalité et, à ce titre, elle en dit parfois bien plus long que nos paroles. Comment faire pour adopter un ton authentique et agréable ? Est-il possible d’accroître la force et l’impact de votre discours rien qu’en modulant votre voix ?

Il existe peu de points communs entre Donald Trump et Barack Obama. Et leur voix n’en fait pas partie… Le président Obama parlait d’une voix chaude mais puissante ; son timbre et son élocution ont d’ailleurs été salués dès le début de sa présidence. L’actuel président utilise sa voix complètement différemment : il parle fort, ce qui (lui ?) donne une impression de détermination, mais est aussi moins engageant…  » Leur façon de parler est révélatrice de leur différence en termes de leadership, estime la coach vocal Katrien Van Geystelen. Trump met plus de pression sur ses adversaires qu’Obama. Notre voix trahit toujours un peu qui nous sommes et, si vous tenez un discours qui ne lui correspond pas, vous n’arriverez pas à toucher, à convaincre, à entraîner les autres. La voix ne ment pas.  »

Le corps pour caisse de résonnance

En tant que thérapeute vocale, Katrien Van Geystelen apprend à ses clients à parler d’une voix profonde qui leur permet de projeter une image plus calme, plus assurée. Elle coache surtout des entrepreneurs et des hommes et femmes d’affaires qui doivent régulièrement s’exprimer en public, convaincre des bailleurs de fonds ou faire passer leur message dans les réunions.  » La plupart des gens n’utilisent que leur caisse de résonance ‘buccale’, à savoir le potentiel vocal situé entre le palais et la gorge. Je leur explique comment exploiter leur corps tout entier comme caisse de résonance, du crâne à l’abdomen. Ceci rend la voix plus agréable à écouter ; on ajoute de nouvelles fréquences, des graves et des aigus. La tessiture se développe, le son de la voix devient plus ample, plus riche, simplement grâce à la respiration, donc sans devoir hausser le ton ou faire pression sur les cordes vocales.  »

Notre voix nous trahit

Le registre de poitrine est particulièrement important pour donner plus d’impact à la voix. Essayez par exemple cet exercice que vous pouvez facilement faire chez vous, illustre Katrien Van Geystelen :  » Parlez à haute voix et posez une main sur votre sternum. Quand le sentez-vous vibrer ? Plus votre voix résonne dans votre poitrine, plus vous dégagerez une impression de calme et de confiance en vous.  » Il peut aussi être utile de faire résonner votre voix dans votre nez, même si une voix nasale n’est pas toujours considérée comme particulièrement agréable.  » La manière d’utiliser la voix est en partie liée à la langue et à la culture – pensez par exemple aux Américains et aux Néerlandais, qui ont tendance à parler plus fort parce que leur voix vient davantage du nez et de l’arrière de la gorge, respectivement.  »

Voix naturelle

Katrien Van Geystelen utilise la méthode Lichtenberger, qui table surtout sur la stimulation sensorielle. Le but est de laisser le son se développer de lui-même, se focalisant sur la perception des sens et le ton de la voix.  » Je ne vise pas non plus spécifiquement une voix grave ou aiguë, mais plutôt une voix naturelle : la tonalité qui est la vôtre, mais avec quelques couches supplémentaires vers le haut et vers le bas. Chacun possède ce qu’il faut pour avoir une voix plus puissante. En tant que coach vocale, je me limite à apporter mon éclairage en aidant chacun à écouter consciemment sa voix et à y coupler sa respiration.  »

Travailler sa voix, c’est toutefois aussi travailler sa personnalité, souligne la spécialiste. Elle évoque l’exemple d’une cliente avec une fonction dirigeante au sein d’une grande entreprise.  » Elle était extrêmement dynamique et compétente… mais quand elle ouvrait la bouche, on n’entendait pas la voix d’une forte femme mais celle d’une petite fille. Dans mon travail avec elle, je lui ai avant tout expliqué comment gagner en puissance vocale, mais cela lui a aussi appris à s’imposer davantage en tant que personne, à prendre sa juste place.  » Katrien Van Geystelen voit parfois des clients s’épanouir complètement en quelques séances à peine.  » Et ce moment où j’entends une voix changer, où je sens qu’elle devient plus ouverte, plus libre, plus personnelle, c’est toujours un instant de pure magie ! « 

Notre voix nous trahit
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Vous craignez de prendre la parole en public ?

Échauffement : dites  » O  » sans desserrer les lèvres. Sans la pression autour de la bouche, le son va chercher une autre voie.

Tenez-vous dans un coin ou apprenez à utiliser l’espace qui vous entoure. Si vous devez prendre la parole devant un auditoire ou vous installer à une table de négociations, souvenez-vous qu’un coin fait toujours office de haut-parleur : vous augmenterez la portée de votre voix sans devoir vous-même faire de gros efforts.

Parlez  » vers l’arrière « . Lorsque vous parlez, imaginez-vous que votre bouche se trouve non pas à l’avant, mais à l’arrière de votre tête : vous utiliserez ainsi davantage tout l’espace de votre bouche, mais aussi votre registre de poitrine.

Évitez de trop articuler. Plus vous articulez, plus vos mouvements buccaux seront importants et plus vous ferez pression sur les muscles de la bouche et des joues.

Nerveux/se ? Concentrez-vous sur votre respiration. Expirez plus longuement que vous n’inspirez, par exemple en accompagnant chaque expiration d’un  » ff « . Plus votre respiration sera calme, mieux les sons résonneront.

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