Nos 10 coups de coeur

Château Sainte-Roseline

Cette très belle propriété du Var doit beaucoup à deux femmes remarquables : la moniale chartreuse Roseline de Villeneuve (1263-1329), fille du seigneur des Arcs, mère prieure du couvent de la Celle-Roubaud, et Aurélie Bertin, dont le père, Bernard Teillaud, acheta, en 1994, ce cru classé. Le promoteur immobilier assura la renaissance du vignoble créé par le pape Jean XXII, au XIVe siècle, avant de passer la main, en 2007, à Aurélie. Admirablement conservée dans sa châsse de cristal entourée d’oeuvres de Chagall et de Giacometti, Roseline attire chaque année quelque 30 000 personnes dans sa chapelle. Des visiteurs qu’Aurélie Bertin accueille ensuite dans le caveau du domaine, où s’écoulent 120 000 bouteilles par an. La jeune femme a développé l’exploitation, qui produit 15 % de blancs et 35 % de rouges, plutôt singulier parmi les si roses côtes-de-provence, et jeté une passerelle culturelle entre le riche passé du site, l’art contemporain et celui du vin.

Les Arcs-sur-Argens (Var), www.sainte-roseline.com

Villa Baulieu

Fort de 300 hectares (la moitié en vignes), le plus grand vignoble de l’appellation coteaux-d’aix-en-provence recouvre l’ancien plateau volcanique de Trévaresse, inactif depuis quelque 17 millions d’années… Les Romains ont investi le secteur, comme en témoignent les ouvrages, bassins et installations hydrauliques disséminés sur le domaine. Aux manettes depuis 2001, les Guénant père et fille travaillent sur deux fronts : un rosé sans prétention (8 euros), Château Beaulieu, produit par la cave coopérative de Rognes, et deux cuvées d’exception déclinées en rouge et blanc seulement, Bérengère (17 euros) et Villa Baulieu (29 euros), assemblées, elles, au château. Ce dernier se dresse au milieu d’un parc magnifique, bâtisse à l’italienne érigée en 1650, puis étoffée de deux tours. Grand prix 2014 du plus bel hôtel de charme en Europe, cet établissement très luxueux compte 11 chambres et suites et propose des  » wine safari  » à ses hôtes.

Rognes (Bouches-du-Rhône), www.villabaulieu.com

Château de Berne

Luxe, calme et volupté… L’Invitation au voyage, de Baudelaire, prend ici tout son sens. Au coeur de l’arrière-pays varois, sur 500 hectares de nature préservée, dans un décor somptueux de garrigue et d’arbres centenaires, le château de Berne cultive, avec la même exigence, la passion du vin et celle de l’accueil. Sous la houlette de Mark Dixon, génial entrepreneur britannique fou de Provence qui a racheté la propriété en 2007, celle-ci est devenue une vitrine emblématique de l’oenotourisme à la française. Jugez plutôt : un hôtel 5-étoiles (chambres et suites de 400 à 820 euros, en haute saison), un spa de 800 mètres carrés, un restaurant gastronomique, un bistrot de charme et une école de cuisine, désormais orchestrés par le chef étoilé Benjamin Collombat. Dehors, une belle piscine offre ses reflets azur, tandis que les jardins, redessinés, dévoilent un vaste potager et une ferme animalière. Le temps d’une parenthèse enchantée dans ce paradis sans ostentation ni tape-à-l’oeil, on savourera les cuvées du domaine, élégamment déclinées dans les trois couleurs, scintillantes dans leurs fameuses bouteilles carrées. Plaisir de la dégustation à combiner avec un  » pique-nique jazz  » dans les vignes ou une partie de tennis. C’est sûr, le bonheur est au château…

Route de Salernes, Lorgues (Var), www.chateauberne.com

Château Mentone

En reprenant, il y a treize ans, cette grande propriété historique de l’appellation côtes-de-provence, nichée entre vignes et forêts, la Lyonnaise Marie-Pierre Caille lui a redonné ses lettres de noblesse. Ici, le vin, élaboré en bio dans les trois couleurs, chante à l’unisson une hospitalité érigée en art de vivre. Si vous ne voulez pas dormir au château (vous devriez, les chambres sont exquises), le chai, avec ses arches gothiques en briques rouges de la région, est une merveille à visiter d’urgence. Tout comme la ferme-auberge, inaugurée l’an dernier, constitue un passage obligé. Cet espace oenotouristique, revisité par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, comprend un superbe caveau, une salle de dégustation et un module de restauration viticole (18 euros à midi, 36 euros le soir), où les plats concoctés avec les produits du domaine magnifient les cuvées maison. A déguster sur la terrasse ombragée autour du bassin, après une partie de pétanque sur le terrain dédié. Sans oublier la balade au clair de lune dans le jardin des senteurs.

Saint-Antonin-du-Var (Var), www.chateaumentone.com

Château de Pibarnon

En 1977, un couple de Parisiens émerveillé par une dégustation de vins de Bandol rachète son domaine à Modesto Ramognino, vigneron originaire du Piémont. Ils érigent une bastide dans les règles de l’art, avec les meilleurs artisans de la région. En face, dos à la mer, est ensuite créé un extraordinaire amphithéâtre de vignes qui va participer à la renommée du cru. Tout récent, le Pi Bar, zinc d’été éphémère, a été aménagé en pleine nature. Arriver à Pibarnon se mérite : 1 visiteur sur 2 se perd en chemin, mais persiste puisque le tiers des bouteilles est vendu à la cave. Si le rouge est la couleur étendard du domaine, l’innovation s’est faite du côté des rosés, à l’instigation du fils, Eric de Saint Victor. Nuances, né l’an dernier, est un pur mourvèdre travaillé comme un vin rouge, élevé pendant huit mois, avec une petite production de 5 000 cols. Preuve que le rosé n’est pas qu’un apéro facile !

Chemin de la Croix-des-Signaux, La Cadière-d’Azur (Var), www.pibarnon.fr

Château d’Esclans

A sa manière, Sacha Lichine est aussi un pionnier. Voilà dix ans, après avoir vendu son cru classé de Margaux, le plus américain des Médocains s’est lancé dans une sacrée aventure :  » Faire le plus grand rosé du monde.  » Une superproduction aux accents hollywoodiens réalisée non loin de Cannes, au coeur d’un ancien domaine des comtes de Provence. Il a confié la mise en scène à Patrick Léon, directeur général de Baron Philippe de Rothschild durant vingt ans. Dans le rôle-titre, la star s’appelle Garrus (90 euros), production confidentielle issue d’une sélection de très vieux grenaches et rolles vinifiés et élevés dix mois en demi-muids. Le Wine Spectator lui décerne la palme dès 2008, en le propulsant parmi les 200 meilleurs vins du monde – seul rosé du classement. Mais c’est la cuvée Whispering Angel (17 euros) qui constitue le véritable blockbuster de la saga Sacha : 4 millions de bouteilles, dont la moitié est exportée vers… les Etats-Unis. La vie rêvée des anges !

Route de Callas, La Motte (Var), www.esclans.com

Domaine Dalmeran

Empreint de charme et de sérénité, ce magnifique domaine adossé aux Alpilles compte parmi les 12 vignobles de la jeune AOC des baux-de-provence. Ici, on soigne la vigne, mais aussi les artistes, invités à exercer leur passion en communion avec la nature : initiative heureuse signée Béatrice Joyce qui, depuis dix ans, gère le lieu avec son époux Neil. La promenade dans le parc réserve ainsi de belles surprises : le burin poétique du sculpteur Marc Nucera fait d’une souche ou d’un arbre mort une oeuvre d’art, tandis qu’Evelyne Berger imagine haïkus et collages. La culture de la vigne date des temps romains. Mais elle est bio depuis 2011 ! La cave propose du  » prêt à boire « , de très jolis vins rouges au caractère affirmé, de différents millésimes (choisir le 2007 à 21 euros, sans hésiter !).

Avenue Notre-Dame-du-Château, Saint-Etienne-du-Grès (Bouches-du-Rhône), www.dalmeran.com

Château Roubine

Passer un moment dans ce domaine de Dracénie est un privilège. Celui de disserter avec la charmante propriétaire, Valérie Rousselle, et son fils Adrien, qui la seconde, en dégustant les jolis vins de ce cru classé en plein essor. Mais aussi celui d’admirer le vignoble en cirque d’un seul tenant, traversé jadis par la voie Julienne. Un splendide terroir d’une centaine d’hectares, bénéficiant d’un drainage naturel – en provençal,  » roubine  » signifie ruisseau. De quoi assurer, durant les chauds étés, la pitance des treize cépages bichonnés par Valérie, qui avoue un faible pour le tibouren, variété originaire de Chaldée introduite par les Romains.  » Délicat et élégant, il offre aux rosés la finesse de ses arômes et la richesse de son bouquet « , explique cette passionnée d’ampélographie, présidente-fondatrice des Eléonores de Provence, club de femmes vigneronnes ambassadrices de l’art de vivre de leur belle région. L’élégante bâtisse du XIVe siècle rappelle que, déjà au Moyen Age, Templiers et chevaliers de Jérusalem troquaient ici leur épée pour la serpe et le coupe-marc. Et c’est dans le vieux mas, transformé en maison d’hôtes, au milieu des vignes, que Valérie aime perpétuer l’hospitalité du domaine.

Lorgues (Var), www.chateauroubine.com

Commanderie de Peyrassol

En neuf siècles, ce domaine mythique n’a connu que quatre propriétaires : les Templiers, jusqu’à leur arrestation ; les chevaliers de l’ordre de Malte, expropriés lors de la Révolution ; la famille Rigord et Philippe Austruy, depuis 2001.  » Mon oncle avait toujours dit que, s’il réussissait, il achèterait des vignes « , confie Alban Cacaret, directeur des lieux et neveu du fondateur du groupe de santé Medipep. Le nouveau propriétaire a sorti le portefeuille pour remonter les restanques écroulées et réveiller la belle endormie. Aujourd’hui, plus qu’un vignoble de 92 hectares, Peyrassol constitue un petit monde à part.

La commanderie se dévoile au bout de la route sinueuse, lovée dans un cirque de collines protectrices fermées par les falaises du Luc. Cernée par 900 hectares d’oliviers, de chênes truffiers et de vignes, la place forte hospitalière recèle des chambres campagnardes, une table d’hôtes sous le préau, un potager et l’une des plus riches collections françaises de sculptures en plein air : plus de 60 oeuvres de César, Adami, Arman, Graham, Venet… Le parcours d’art contemporain s’aventure dans les parcelles, mais piétine aussi les plates-bandes de la maison du maître, une ancienne magnanerie. Philippe Austruy n’est pas jaloux de son paradis.

Flassans-sur-Issole (Var), www.peyrassol.com

Château de Saint-Martin

Resté dans son jus, sans ostentation, le château du XVIIe siècle (qui ne se visite pas) compte 63 pièces dont 5 chambres d’hôtes pleines de charme. Après les Romains et les moines de Lérins, un marquis de Villeneuve-Bargemon est devenu maître de ce domaine. Il l’offre en cadeau de mariage à sa fille, aïeule d’Adeline de Barry dont la séparent treize générations. A l’exception de son grand-père, créateur du Syndicat des côtes-de-provence, auquel rend hommage une belle cuvée rouge, les femmes ont toujours tenu les rênes de la propriété et de son cru classé. Cette féminité s’exprime dans la production, dont l’un des fleurons, un rosé baptisé Eternelle Favorite (18,90 euros) vient de se glisser dans une nouvelle tenue. Festival Rire en vignes en juillet, cueillette de champignons à l’automne, gros souper de Noël ponctuent l’année.

Route des Arcs, Taradeau (Var), www.chateaudesaintmartin.com

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