Un roman de guerre signé par le grand reporter Jean-Pierre Perrin. © DR

Noces de sang

Jean-Pierre Perrin fut grand reporter à Libération, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient ainsi que de l’Afghanistan. Des expériences tout sauf neutres que le journaliste décline plus longuement avec, notamment, Le Djihad contre le rêve d’Alexandre sorti en 2017 aux éditions Le Seuil et Prix Joseph Kessel. Une guerre sans fin est son quatrième roman. Un ouvrage hybride à mi-chemin entre le roman de guerre parfois autobiographique et la quête existentielle avec pudeur et retenue, sans oublier la mécanique traditionnelle du thriller, du moins dans les deux premiers tiers du livre.

L’auteur nous invite à découvrir trois personnages. C’est Joan-Manuel qui ouvre le bal. Pris en otage par des djihadistes à la voix avec « un vague accent de banlieue parisienne qui la rend encore plus âpre », ce jeune écrivain se retrouve livré à lui-même, parce libéré, dans le désert, à deux pas de la frontière turque. Daniel, lui, est un mercenaire. Il sillonne d’abord Bagdad pour monter une opération en Syrie, à Homs, afin de libérer la fille d’un ami, entre guillemets, disparu. Le troisième larron s’appelle Alexandre, un diplomate en dehors des clous incapable de se regarder dans une glace.

Jean-Pierre Perrin évite le pathos et la victimisation de ses personnages malgré des scènes terriblement difficiles et excessivement violentes surtout dans le goulot de Homs où on sentirait presque l’odeur de la peur. Le vécu est palpable derrière la plume d’un auteur qui ne la ramène pas. Bien plus qu’un énième livre sur l’absurdité de la guerre, Une guerre sans fin est aussi une pertinente réflexion sur le pouvoir de la poésie et de la littérature à travers un Joan-Manuel, qui, après avoir été relâché, décide de partir en Galice sur les traces de Garcia Lorca. Celui-cifut assassiné par les franquistes en 1936. De là à dresser un parallèle entre la guerre civile espagnole et le bourbier syrien, il n’y a qu’un pas que l’auteur franchit allègrement.

Une guerre sans fin, par Jean-Pierre Perrin, Rivages/Noir, 302 p.
Une guerre sans fin, par Jean-Pierre Perrin, Rivages/Noir, 302 p.

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