Ne pas pénaliser les seniors

Comme les personnes âgées sont les plus sujettes à contracter des formes aggravées, voire mortelles, du Covid-19, il conviendrait de mettre celles-ci à l’abri jusqu’à ce que la majorité, voire la totalité, de la population plus jeune ne soit plus contaminante, une fois guérie. Au fond, certains épidémiologistes raisonnent un peu comme un éleveur de bovins qui déciderait de laisser isolée en stabulation la partie de son troupeau la plus fragile, en attendant que le restant du troupeau, plus résistant, maintenu en prairie, se soit progressivement immunisé et finisse par ne plus être contagieux. La stratégie est probablement efficace. Sauf qu’un troupeau de bovins et une population d’humains ne fonctionnent pas exactement de la même manière. C’est ainsi que, même si elles devaient rester confinées jusqu’à la fin de l’année, les personnes âgées et celles souffrant de comorbidités seront toujours inévitablement en contact avec les plus jeunes et les plus valides, soit lors de sorties nécessaires, soit en recevant des visites qu’on voit mal interdire pour une longue durée. […] Dès lors, selon toute vraisemblance, le bénéfice escompté d’un confinement ségrégationniste ne pourrait être que limité, voire illusoire. Par ailleurs, cette vision exclusivement prophylactique semble faire l’impasse sur ses inévitables conséquences au plan psychologique. […] Tandis que certaines personnes âgées ou fragiles auront éventuellement été épargnées par le coronavirus, d’autres auront sombré dans le désespoir et auront préféré renoncer à se soigner ou à vivre, tout simplement. […] Socialement injuste et psychologiquement intolérable.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire