Naples sous silence

Bientôt Pâques. Dans la Naples fasciste de 1932, le printemps s’ébroue. Au commissaire Ricciardi, les brises de mars ne chuchotent que les dernières pensées des trépassés de mort violente. Des suicidés, des accidentés, des assassinés dont il est le seul à voir les silhouettes brisées partout où il va, poursuivi par leurs ultimes mots comme un obsédant lamento. Il tait cette malédiction et le néant amoureux auquel il s’est condamné. Mais une veuve et une modeste voisine s’entêtent à l’enjôler, troublant ce grand taciturne. Le meurtre de la plus belle putain de la cité, nouvelle enquête du flic aux yeux trop clairs, n’est que l’ombre portée des désirs déchus, des passions avides, des adorations tremblantes et des sentiments à bout de force qui palpitent en chacun des personnages du roman. Maurizio De Giovanni a la plume funambule. Sur le fil de la mélancolie, elle glisse, aérienne, des voluptés vénéneuses d’un bordel aux lumières intérieures d’une femme préparant le repas pascal comme une offrande à l’être cher, de la menace rampante des chemises noires aux face-à-face comiques d’un travesti avec un brigadier bougon. L’auteur napolitain connaît la couleur du silence et le poids de l’espérance. Il les livre d’une poignée de phrases à la beauté implacable.

Les Pâques du commissaire Ricciardi, par Maurizio De Giovanni, trad. de l’italien par Odile Rousseau, Rivages, 334 p.

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