Namur, un enjeu capital

Quelle que soit la Belgique de demain, la capitale de la Wallonie se verra renforcée. Elle s’y prépare, tant sur le plan pratique que stratégique.

Qu’on finisse par un clash ou par un accord, le rôle de Namur sera inévitablement renforcé : on se mobilise pour accueillir d’éventuelles nouvelles régionalisations. On aurait l’air fin si on n’y pensait pas…  » Le mayeur CDH Jacques Etienne en est bien conscient : dans l’actuel contexte des imprévisibles négociations gouvernementales, la capitale wallonne doit se tenir prête à toute éventualité. Sur le plan pratique comme sur le plan stratégique. Un cadastre des bâtiments susceptibles d’accueillir de nouvelles administrations est en cours de réalisation. Mais il faut penser plus loin. Plus de fonctionnaires, c’est aussi plus de services à devoir mettre en £uvre et probablement davantage de logements à prévoir. Et plus d’habitants, c’est aussi plus de services, etc. Une chaîne, en somme. Dans le schéma de structure de la ville, procédure lancée il y a un an et en voie de concrétisation, des zones habitables ont été dégagées qui pourraient permettre la construction, en dix ans, de 2 000 nouveaux logements. De quoi absorber en partie l’arrivée d’habitants supplémentaires, compte tenu du fait, faut-il le rappeler, que Namur est un coin très demandé, de par sa position stratégique en Wallonie et de par la qualité de vie qu’on y trouve. Arnaud Gavroy, échevin de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire, s’épanchera un peu plus loin sur cette question : on a beaucoup reproché à Namur de fermer les robinets de la promotion immobilière, mais l’élu Ecolo s’en défend vivement, arguant que les promoteurs qui ont compris la politique de la majorité sont les bienvenus.

De la caserne au Grognon

Affirmer son rôle de capitale, via la création d’une sorte de lobby politique regroupant toutes les forces vives locales, y compris régionales et provinciales (via notamment le groupement Axud), est manifestement l’un des dadas de Jacques Etienne. Sa volonté d’établir sur le sol namurois une école d’administration participe de cette dynamique qui cherche à s’appuyer sur la présence des institutions exécutives et parlementaires wallonnes. Ce n’est pas pour rien non plus que le décret Demotte, qui instituerait officiellement Namur comme capitale de la Région, mais aussi comme siège du parlement et du gouvernement wallon, paraît primordial aux yeux du bourgmestre :  » Les relations avec la Région se sont améliorées. Happart est un mauvais souvenir « , lance Jacques Etienne, qui rappelle que… le papier à lettres de la Ville a changé, pour devenir  » Namur, capitale de la Wallonie « …

Pour autant, la majorité actuelle se trouve face à un nombre important d’autres défis, probablement plus prosaïques mais tout aussi essentiels, qu’elle devra faire avancer avant la fin de la législature. La gare des bus, par exemple, qu’elle voudrait installer sur la dalle supérieure de la gare ferroviaire, fait partie de ces enjeux.  » Toute chose étant égale, ce dossier devrait aboutir pour le courant 2016 « , confie le mayeur, qui enchaîne avec les perspectives pour la nouvelle caserne des pompiers, le centre commercial imaginé au square Léopold, la réhabilitation du plateau de Jambes-Erpent, du site du Grognon, la création d’un nouveau palais de justice : globalement, ces projets, que nous aborderons plus en détail dans les pages qui suivent, répondent à la volonté locale de gommer les  » peaux mortes de Namur « .  » Certains dossiers seront terminés d’ici à la fin de la législature, d’autres ne seront qu’entamés « , lance encore le bourgmestre, qui ajoute :  » Pour être belle, il faut souffrir.  » Jacques Etienne fait référence à la rue et la place de l’Ange, en pleins travaux pour le moment, qui seront terminées dans les mois à venir : de quoi donner un bon point au bulletin local, même si certaines voix, en hautes sphères – pas forcément Ecolo -, affirment que la Ville aurait dû aller plus loin en rendant ce tronçon totalement piéton. Autre dossier qui devrait se finaliser au terme de 2012 : l’îlot des Bateliers, projet clé de la politique culturelle locale deviendra un véritable pôle muséal sur lequel l’offre permanente de la ville en cette matière pourra s’appuyer. De fait, pour se différencier des autres grandes cités du pays, Namur a tout intérêt à développer ses atouts touristiques, culturels et hôteliers : ce n’est pas en faisant le plein avec les seuls FIFF (film francophone) et Namur en Mai, deux festivals au rayonnement international, que la ville va pouvoir se donner le moyen de ses ambitions. Il lui faudra plus. Un centre d’art contemporain, une vraie salle de concert, des projets d’envergure…

Profiter de l’université

A quelques pas de l’hôtel de ville, du futur îlot des Bateliers et des ouvriers qui s’activent sur le chantier de l’Ange – puisque, dans cette ville de 110 000 habitants, rien n’est finalement très éloigné -, le campus de l’université locale s’apprête à recevoir ses étudiants. Lesquels seront chapeautés, pour la première fois, par un recteur laïc. Yves Poullet brossera dans ces pages une série d’enjeux qui s’offrent aux FUNDP, facultés qui devront faire face à un double mouvement : s’intégrer dans la nouvelle UCLouvain, dont elles deviendront l’une des entités, et accentuer leur place dans la ville, car Namur a besoin des forces actives et du monde académique de la recherche pour se développer. Elle pourrait clairement, dans cette optique, prendre l’exemple de l’université qui deviendra, en quelque sorte, sa faîtière : à Louvain-la-Neuve, le rayonnement de l’UCL est tel que toute la région en bénéficie. Malgré le gabarit plus réduit de son université, Namur doit pouvoir en profiter davantage. L’exemple de l’Infopôle, créé avec le bureau économique provincial (Bep) – qui nous livrera les perspectives plus économiques du Grand Namur et nous présentera le nouveau centre de tri industriel de Floreffe -, va naturellement dans cette direction, puisqu’il s’est mué en cluster wallon. Nous finirons par évoquer quelques destins forts de la vie créative et économique namuroise, au travers de réussites locales. Joli menu.

DOSSIER RéALISé PAR PHILIPPE COULéE, MICHEL DELWICHE ET GUY VERSTRAETEN

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