Namur, la Mecque du poker belge

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Le casino du groupe Circus a pris le train du poker plus vite que tous ses concurrents. Avec sa vingtaine de tables, l’établissement se place même haut dans le classement européen de la discipline. En attendant le championnat de Belgique d’octobre.

Ils sont une trentaine, répartis sur trois tables. Normal, pour une fin d’après-midi, le  » coin poker  » délimité dans le casino de Namur se remplira un peu plus tard, une fois le soir et la nuit venus. On y croise toujours les mêmes têtes un peu délavées, un peu glauques. De bons et de moins bons joueurs, obsédés pour les uns, pragmatiques pour les autres : les meilleurs et les plus assidus gagnent largement leur vie en enchaînant les paires et les brelans. De grosses sommes s’échangent autour de ces tables, au détriment de certains, au bénéfice des plus chanceux ou des plus malins, mais également de… l’Etat, et, bien entendu, du casino lui-même. Chaque heure, les joueurs sont sommés de régler un  » droit de table  » qui s’élève généralement à 4 euros, tandis que le croupier se sert (jusqu’à 10 %) dans les  » pots  » amassés au cours des  » coups « . Les taxes sont également prélevées à la source pendant les tournois et ces impôts, assez directs finalement pour le joueur, filent à hauteur de 44 % dans les poches du fédéral. Le casino gagne sa vie sur les 56 % restants, même si l’organisation de parties ou de tournois de poker, notamment de par la nécessité d’engager des croupiers, mangent une partie des bénéfices : si le poker représente 30 % du chiffre d’affaires du casino de Namur, il ne génère pas un tel ratio de profit pur. Une machine à sous abandonnée dans un coin de l’établissement n’a certes pas besoin de formation…

Encadrer le poker

Fort de ses 21 tables, le casino de Namur s’est hissé, au niveau du poker, loin, très loin devant ses concurrents. Au point de devenir l’un des lieux phares de la discipline en Europe. Des tournois y sont organisés chaque soir, mobilisant entre cinq à dix tables, alors que le cash game – un jeton de deux euros vaut deux euros, et on joue directement pour de l’argent en investissant une somme dans le  » pot « , avec possibilité, puisqu’il s’agit de la variante du poker la plus jouée et la plus célèbre, Texas Hold’Em No limit, de racheter des jetons autant qu’on le souhaite – remplit lui aussi une bonne partie du cheptel tables.  » En 2005, quand la législation nous a permis de commencer à organiser des tournois de poker, nous en faisions… un par an, ce qui était la limite autorisée, confie le directeur adjoint du casino, Sébastien Leclercq. Puis, il est devenu clair qu’il valait mieux encadrer le poker dans les casinos que de le laisser dans des cercles privés, où des incidents étaient souvent à déplorer. En août 2007, nous avons ouvert les tables de cash game tous les jours, tables qui ont connu un succès rapide parce qu’on a été les premiers à rebondir sur le phénomène, probablement grâce à la rapidité d’adaptation que peut offrir une petite structure comme la nôtre.  »

Le championnat de Belgique, organisé par Circus depuis 2006, démarrera le samedi 9 octobre prochain à Namur. Des qualifications foisonnent un peu partout, depuis quelques mois, sachant que le droit d’entrée du tournoi proprement dit s’élève à 1 700 euros. Une belle somme qu’il faut pourtant mettre en perspective avec ce que le vainqueur devrait empocher : à peu près 325 000 euros dans un prize pool global à répartir de 1,2 à 1,5 million d’euros. De quoi susciter les vocations dans une Belgique où le niveau du poker, en partie grâce à la proactivité du groupe Circus (qui détient aussi le casino de Spa), a sensiblement augmenté au cours des dernières années.

GUY VERSTRAETEN

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