Much ado about nothing

On annonçait une pièce palpitante. Une vraie intrigue (le pouvoir exécutif avait-il empiété sur le pouvoir judiciaire ?), du suspense, des secrets dévoilés, voire des révélations, des rebondissements, des vérités culbutées. Commission Fortis ? Rien que des promesses en l’air !

Certes, il y eut des chassés-croisés, des éclats et des éclipses, des paroles données, puis reprises, des tours de passe-passe, un art consommé, aussi, de jouer avec les mots. A l’insu de leur plein gré, magistrats et politiques se sont succédé devant la Commission d’enquête parlementaire sur la séparation des pouvoirs, non pas pour vendre la mèche, mais bien plutôt pour se protéger. Oui, le premier président de la Cour de cassation, Ghislain Londers, a dérapé. Oui, la bisbrouille règne en maître sur la 18e chambre de la cour d’appel de Bruxelles, oui des coups de fil ont bien été donnés au substitut Paul Dhaeyer, alors qu’il allait rendre un avis défavorable pour le gouvernement. Oui, sans doute, Olivier Henin, chef de cabinet du vice-Premier ministre et ministre des Finances Didier Reynders, a reçu, le 6 novembre dernier, des informations confidentielles qui l’ont sérieusement perturbé.  » Quiconque a du pouvoir est porté à en abuser « , notait Montesquieu. Procédures douteuses, dépositions contradictoires, cascades de coups de téléphone et de prises de contacts off… : les recommandations, sans doute chèvres-choutistes que la Commission rassemblera dans son rapport la semaine prochaine, reposeront sur des bases bien fragiles, tant l’affaire est délicate. Pour le citoyen, la pilule est amère, lui qui rêvait de clarté et de transparence et à qui l’on n’offre que troubles, zones d’ombre et confusions. Tant il est difficile d’établir une frontière claire entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. La vérité, toute la vérité… pour un pétard mouillé ?

Dans la vaste enquête improvisée autour de cette affaire au Parlement, c’est Didier Reynders que l’on attendait, aussi, au tournant. Déjà, ses détracteurs le voyaient au bord de la démission. Il n’en sera rien. L’homme est habile et puis, qui prendrait le risque de faite chuter le gouvernement quelques jours à peine avant que l’assemblée générale de Fortis se prononce au sujet de l’accord bricolé avec BNP Paribas ? Même le CD&V semble y avoir renoncé. Des jours et des nuits de négociations pour en arriver là ! Une alliance entre les deux banques à peine plus favorable que celle concoctée dans la précipitation en septembre dernier et qui est loin de susciter l’enthousiasme des marchés. Les actionnaires voteront-ils oui par dépit les 8 et 9 avril prochains ? Possible, voire probable. Déjà Deminor a ouvert la porte, Ping An aussi, semble-t-il. Un oui, sans doute sur le fil, dont le principal bénéficiaire sera bel et bien le gouvernement (et probablement les contribuables). L’affaire Fortis ? Circulez, il n’y a plus rien à voir.

De Christine laurent

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