Mon ex-mari, cet inconnu…

La géographe Sylvie Brunel a vécu près de trente ans avec Eric Besson. Après leur divorce, elle a choisi d’écrire leur histoire. L’ascension politique d’un ambitieux, la désillusion d’une féministe : deux guerres parallèles. Extraits de ce Manuelà choc.

C’est le titre qui a posé le plus de problèmes. Sylvie Brunel refusait que son Manuel de guérilla soit à l’usage des femmes  » larguées « , comme le proposait l’éditeur. Eric Besson, l’ex-mari, ne tenait pas à ce que l’ouvrage s’adresse aux femmes  » trahies « , choix initial de l’auteur – sur la trahison, il estimait avoir suffisamment donné. Entre-temps, il a été question de dédier le livre aux femmes  » mûres « . Finalement, largués, trahis ou mûrs, tous les protagonistes de l’aventure sont tombés d’accord : il s’agit, sans autre chichi, d’un Manuel de guérilla à l’usage des femmes.

Il y a longtemps que Sylvie Brunel songeait à écrire un roman dont son mari serait le héros : orphelin de père, marqué par une enfance choyée puis par la brutalité de l’univers du pensionnat, socialiste puis ministre de Nicolas Sarkozy, Eric Besson est un homme plus complexe qu’il n’y paraît.

Il y a longtemps que Sylvie Brunel songeait à écrire un essai sur ces femmes quinquagénaires, fracassées par une rupture conjugale au détour d’une vie de tromperies. Féministe dans l’âme, elle y voyait l’occasion de dresser le portrait d’une génération, sexuellement  » libérée  » en 1968 et finalement flouée par ses propres renoncements.

Ce Manuel de guérilla à l’usage des femmes, double récit donc, étrille les hommes en général, mais pas l’ex-mari en particulier. On découvre d’ailleurs un séducteur – un tombeur ! – plutôt franc, un père enthousiaste et un politique orgueilleux. Le problème, c’est que Monsieur està ministre en exercice. Et que c’est la première fois qu’une porte s’ouvre si grand, de l’intérieur, sur la vie privée d’un ministre.

Après avoir tenté, en vain, de dissuader sa femme d’écrire ce livre, Eric Besson l’a introduite chez son propre éditeur, soucieux de circonscrire le pire. Ce qui n’a pas empêché Sylvie Brunel de se sentir libre : elle n’a accepté, à la demande de Grasset, qu’une seule coupe, un chapitre consacré à la nouvelle compagne de son ancien époux.  » Pas classe « , assura l’éditeur, entendu par une femme intelligente.

Eric Besson, de son côté, après avoir lu les passages le concernant, s’est engagé par écrit à n’intenter aucun procès. Dans sa vie d’avant, mari modèle, Besson posait en famille dans Gala. Désormais, il a pris une décision : il attaquera, promet-il, tous les journaux qui publieront une photo de sa nouvelle compagne. Question d’âge, sans doute.

Manuel de guérilla à l’usage des femmes, de Sylvie Brunel. Grasset, 288 p., à paraître le 14 octobre.

LIRE DES EXTRAITS EN PAGE 68.

E. K.

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