Mise au vert

Ira, n’ira pas ? L’affaire est loin d’être entendue. Que faire pour bien faire ? Pour ne pas perdre son âme ? Pour ne pas voir s’éparpiller ces nouveaux militants venus, en masse, gonfler les rangs du parti ? Pour ne pas décevoir ceux que le MR, le PS ou le CDH ne font plus rêver ? Autant de questions sensibles aux réponses floues. Alors que les sondages le gratifient, le 7 juin prochain, de pas moins de 20 % des intentions de vote, tant en Wallonie qu’à Bruxelles, Ecolo, in fine, boudera-t-il le pouvoir ? Tout comme ce  » vieux Peau-Rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne « , selon la jolie expression d’Achille Chavée. Peut-être.

L’enjeu est de taille. Après la déconfiture douloureuse de 2003, les verts ont fait leur examen de conscience. Ouvert les yeux. Restructurations, balisage des courants, réorganisation, rien n’a été laissé au hasard. Il s’agissait de grandir. Et d’acquérir enfin la maturité qui seule rend crédible. Quitter le rôle d’outsider pour jouer dans la cour des grands. Enjamber certaines pudeurs et maîtriser à fond les arcanes de la chose publique. Couper le fil avec certains anciens purs et durs, partis en claquant la porte, pour remailler patiemment un autre positionnement plus lisse, plus rassembleur. Mission accomplie. Au-delà peut-être des espérances.

Certes, il y a eu la nécessaire réforme interne. Mais aussi une conjoncture particulièrement favorable pour un parti d’opposition. Crise financière et économique, affaires en rafale, partis traditionnels déboussolés, électorat en plein bouleversement, un boulevard pour les équilibristes du déséquilibre. Une visibilité maximale pour ceux qui faisaient entendre une autre voix, tout en n’assurant, à l’exception de la Région bruxelloise, aucune responsabilité. Tout pour séduire. Plus verts que vert dans les valeurs postmatérielles (la qualité de vie, le développement durable…), mais plus flottants, aussi, sur les questions économiques, éthiques ou bien encore sur le dossier de l’immigration. Qu’importe ! Ecolo a réussi à capter les mécontents en quête de nouvelles promesses, d’horizons plus souriants.

Quoi de plus naturel que de porter leurs espoirs au c£ur même des différents gouvernements ? Oui, mais… Au risque de se faire aspirer, comme en 1999, pour en ressortir lessivés quatre ans plus tard ? Et avec qui faire alliance ? Le PS ? Diabolisé aux yeux de certains militants. Le MR ? Dangereusement à droite pour d’autres. Le CDH ? Trop proche et trop différent à la fois. Mais l’époque est tourmentée. Même s’il devait en arriver à  » manger sa parole « , comme dirait l’ex-militant Josy Dubié, l’électron qui se veut libre a-t-il vraiment le choix ?

de Christine Laurent

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