Mestrallet plein d’énergie

En prenant le contrôle d’International Power, le PDG de GDF Suez propulse son groupe au deuxième rang mondial. Juste derrière EDF, son grand rival.

Mestrallet le discret a bien réussi son coup. Deux ans après la délicate fusion de son groupe avec l’entreprise publique GDF, il a annoncé, le 10 août, une acquisition majeure qui le propulse définitivement dans la cour des grands au niveau international.  » C’est la plus grosse opération dans le secteur de l’énergie en Europe depuis la fusion de GDF et de Suez. Une opération d’expansion plutôt que de rationalisation « , souligne Yoël Zaoui, patron de la banque d’affaires de Goldman Sachs en Europe, qui a conseillé Gérard Mestrallet.

En prenant le contrôle du britannique International Power, le groupe français dope sa capacité de production installée – elle dépassera 100 000 mégawatts au total – et s’impose au deuxième rang mondial des électriciensà et même au premier rang des utilities (énergie, eau) en termes de chiffre d’affaires.

Un coup de maître qui a donné du fil à retordre aux nombreux conseils impliqués. Car, si le patron de GDF Suez avait depuis plus d’un an la société britannique dans son viseur pour la qualité de ses actifs à travers le monde (une cinquantaine de centrales réparties surtout entre l’Amérique du Nord, l’Australie, l’Asie et le Moyen-Orient), le deal n’était pas aisé à boucler. En janvier dernier, des fuites ont contraint les deux partenaires à stopper les discussions, faute d’avoir trouvé un accord répondant à leurs exigences respectives : côté GDF Suez, la volonté de ne pas débourser de cash pour préserver la solidité financière du groupe et la nécessité de ne pas diluer l’Etat français (actionnaire à 35 %) ; côté International Power, l’exigence d’une prime et le maintien du siège et de la cotation de l’entreprise à Londres.

Une stratégie menée depuisà 1995

Le résultat est un montage complexe, avec une sortie minimale d’argent frais pour GDF Suez : d’ici à la fin de cette année, le groupe deviendra actionnaire à 70 % d’International Power, en échange de l’apport de ses actifs hors Europe et du versement d’un dividende exceptionnel de 1,7 milliard d’euros aux actionnaires de la société britannique.

 » C’est une très belle opération industrielle, ajoute Colette Lewiner, directrice associée à Capgemini Ernst & Young. GDF Suez conforte à la fois sa position dans les pays émergents, où sera concentrée demain la croissance du marché de l’énergie, et son profil d’énergéticien diversifié, dans le gaz et l’électricité. « 

Si les centrales nucléaires exploitées par le groupe français en Belgique ne font pas partie de l’accord, il n’est pas exclu que celui-ci puisse l’aider à se renforcer, à terme, dans cette filière.

Valérie Lion

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