» Même sobres, les jeunes roulent comme en état d’ivresse « 

Le Pr Eric Vuurman, de l’université de Maastricht, pose un constat inquiétant sur le mode de conduite des jeunes.

Les jeunes de 18 ans sont vifs d’esprit et disposent généralement d’une bonne motricité. Du moins si l’on en juge par la rapidité de leurs doigts quand ils rédigent des SMS ou par la facilité avec laquelle ils manient les jeux en tous genres. Mais, quand ils se retrouvent derrière le volant d’une voiture, le résultat est loin d’être probant. Dans le trafic intense, leur conduite ressemble étrangement à celle de conducteurs sous l’influence de l’alcool.  » Tels sont les propos d’Eric Vuurman, professeur à l’université de Maastricht, où il effectue des recherches sur les conséquences de l’usage des médicaments, des drogues et de l’alcool sur la motricité.

Comment expliquez-vous les prestations médiocres des jeunes de 18 ans dans la circulation ?

Eric Vuurman : Un conducteur doit à la fois être attentif à la circulation et au maniement de son véhicule. Il enregistre ce qui se passe autour de lui et utilise cette information pour déterminer quand il doit changer de vitesse, accélérer ou freiner. Les tests montrent que le jeune de 18 ans moyen éprouve des difficultés à exécuter ces différentes actions en même temps. Il perd rapidement la vue d’ensemble, et constitue dès lors un réel danger sur la route. Nous n’avons pas trouvé d’explication à ce sujet. Nous avons comparé le comportement au volant du groupe-cible avec nos  » références  » reposant sur une enquête statistique relative à l’impact de la conduite sous l’influence de l’alcool. A notre étonnement, nous avons constaté une grande similitude entre le comportement au volant des jeunes de 18 ans et la conduite sous l’influence d’un taux d’alcoolémie de 0,5. Ce n’est pas rien. Si ces jeunes boivent en plus quelques verres, l’effet est encore renforcé, et le danger, considérable.

Sur quels médicaments effectuez-vous des recherches ?

Nous nous limitons à tous les médicaments psycho-actifs, autrement dit qui peuvent exercer un effet sur notre cerveau. En font partie toute une série de médicaments illégaux comme les drogues, l’ecstasy et la marijuana. Le corps humain ne fait en effet aucune différence entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. Nous avons développé une grande expertise au niveau des antihistaminiques et des somnifères. Nous ignorons si les entreprises pharmaceutiques ont tenu compte de nos conclusions. Les missions commanditées par les autorités politiques donnent parfois lieu à une nouvelle réglementation ou une adaptation des lois ou procédures existantes.

Une firme pharmaceutique peut-elle être rendue responsable d’un accident quand vous avez constaté qu’un de ses médicaments provoquait des effets secondaires manifestes ?

En principe, seul le commanditaire de l’étude dispose des résultats des recherches. De plus, l’industrie pharmaceutique s’est bien armée contre ces éventualités, en mentionnant expressément dans chaque notice les effets secondaires possibles. Dans la pratique, il est quasi impossible pour une victime d’intenter un procès contre une entreprise pharmaceutique. Elle n’a pas la moindre chance d’obtenir gain de cause devant le juge.

U.V.

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