Méditer, c’est facile

La méditation par la pleine conscience consiste à cultiver notre capacité à prêter attention à l’instant présent, sans faire d’associations d’idées, ni à prévoir le pire. On s’y met tout de suite avec notre troisième volet de notre série d’été.

En temps normal, notre cerveau fonctionne de telle manière qu’une idée en entraîne une autre, constate Thierry Janssen, médecin et psychothérapeute. Très souvent, cette association d’idées nous conduit à prévoir le pire. Notre instinct de survie nous demande de prendre le maximum de précautions pour assurer notre pérennité.  » Un exemple. Nous voyons une voiture rouge. Celle-ci nous fait penser au voisin de notre grand-mère qui avait une telle voiture. Cela nous fait penser à notre voisin qui dépose toujours ses poubelles devant notre garage. Nous redoutons que nos poubelles ne sentent trop fort dans le garage. Nous appelons à la maison pour qu’on les sorte.  » Cette pensée réflexive crée souvent un stress par anticipation d’une situation déplaisante ou dangereuse. C’est notre manière naturelle de penser. Or, si le stress devient chronique, il épuise l’organisme.  » La méditation propose le contraire.  » En autorégulant notre attention dans le présent, sur une réalité vraie et non anticipée, nous évitons d’associer une série d’idées qui peuvent devenir stressantes.  » Ainsi, si nous voyons une voiture rouge, nous ne pensons plus au voisin de notre grand-mère. Nous constatons une voiture rouge. Point. Nous deviendrons le témoin objectif de la réalité.  » Inévitablement, cela créera un apaisement de la pensée et un relâchement du corps « , ajoute Thierry Janssen.

En se brossant les dents

Pour le scientifique Jon Kabat-Zinn, cette conscience sans jugement de chaque instant est une manière simple de se connecter à un sentiment profond de confort, d’équilibre, de lucidité et de liberté au sein de notre vie.  » C’est une façon d’incarner l’équilibre mental, la clarté et l’harmonie dans l’instant présent, y compris dans les moments les plus pénibles. Si étrange que cela puisse paraître, nous n’essayons pas de réparer quoi que ce soit, ni de résoudre nos problèmes. Curieusement, il suffit parfois de les appréhender en conscience, moment après moment, sans les juger pour qu’ils tendent à se dissiper d’eux-mêmes. Nous n’essayons pas d’accéder activement à un état de relaxation profonde, ni même à aucun autre état. Mais, en nous ouvrant à une conscience des choses telles qu’elles sont réellement à l’instant présent, nous goûtons souvent à des états très profonds de relaxation et de bien-être, même lorsque nous sommes confrontés à de graves difficultés. « 

La conscience peut nous accompagner à la salle de bains, quand on se brosse les dents, qu’on s’habille, réveille les enfants, prend son petit déjeuner, cuisine…  » Soyez sensible à l’endroit où se trouve le mental, d’un instant à l’autre, à la qualité de la conscience même, à la qualité de votre intention, conseille Jon Kabat-Zinn. Alors, le mieux possible, formez l’intention d’appliquer à chaque aspect de votre vie la même qualité d’attention incarnée, de pleine conscience, de vigilance neutre, moment après moment, que dans la méditation. Et vous pouvez utiliser la respiration, les sons et les intervalles entre les sons, le silence même, voire le timbre de votre voix, comme points d’ancrage de votre attention.  » L’efficacité de la méditation dépend d’une pratique régulière. En réservant chaque jour un moment pour s’y livrer, on porte une attention douce à tous les aspects de notre vie. La méditation est un art de vivre. Il n’est pas nécessaire d’être un bouddhiste ou un yogi pour la pratiquer.

La Solution intérieure. Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit, de Thierry Janssen, Fayard 2006, Pocket 2007.

Méditer, 108 leçons de pleine conscience, Jon Kabat-Zinn, Les Arènes 2010.

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JACQUELINE REMITS

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