Manches retroussées, le Brabant wallon doit avancer

Réhabilitation de chancres industriels, problèmes de mobilité, pression immobilière : les défis que la plus riche des provinces wallonnes doit affronter sont aussi nombreux que diversifiés. Petit tour d’horizon de ce qui attend les collectivités locales, et donc forcément leurs administrés, dans un futur parfois tout proche.

On a déjà disserté, maintes et maintes fois, du succès de la  » Wallifornie « . De par sa position géographique centrale, sa qualité de vie, l’absence historique d’industrialisation forcenée (et, donc, en général de son retour de manivelle), la présence de l’université francophone la plus réputée, le Brabant wallon dispose d’atouts auxquels aucune autre province wallonne ne peut prétendre. Reste que, malgré ce succès, il serait malvenu de se reposer sur ces lauriers.

Nous avons voulu, dans ce dossier, donner un aperçu – non exhaustif, forcément – le plus signifiant possible de ce que la plus jeune et la plus petite province wallonne mijote pour le futur de ses habitants. Les projets de villes sont en effet bien souvent des projets de vie. De Villers-la-Ville à La Hulpe, de Rebecq à Orp-Jauche, en passant par Ottignies-Louvain-la-Neuve, les villes et communes ont pas mal de pain sur la planche : dans les vingt ans, le Brabant wallon pourrait accueillir entre 25 000 et 40 000 habitants supplémentaires, selon le ministre régional André Antoine (CDH). Ce qui, automatiquement, multipliera les enjeux : plus d’habitats, c’est aussi plus de services à la population. Et plus de problèmes de mobilité.

Mais ce ne sont pas les uniques défis qui se profilent à l’horizon : si, comme présenté plus haut, le Brabant wallon n’a pas connu, sur son territoire, l’industrialisation qui caractérise par exemple le bassin Sambre-et-Meuse, le nombre de chancres à réhabiliter n’est pas anodin. Entre le site Gervais-Danone d’Orp-Jauche, la sucrerie de Genappe, la cartonnerie Jacquet à Ittre, l’usine Henricot à Court-Saint-Etienne, les forges de Clabecq ou les abattoirs de Wavre, ce sont près de 40 SAR (sites à réhabiliter) que la Région a répertoriés dans le Brabant wallon.

L’exemple des sucreries de Genappe, que nous développons plus loin, prouve que bien souvent la nouvelle vie de ces sites passe par de longues concertations entre de nombreux acteurs concernés. Et que le processus, de ce fait, n’a rien d’une brève partie de plaisir. Mais il faut manifestement passer par là quand on décide que le passé d’une province a encore un mot à lui dire : réussir à s’appuyer sur l’existant pour s’inscrire dans le changement, c’est tout le mal qu’on peut souhaiter aux  » rafistoleurs  » de chancres…

La mobilité, le logement : enjeux critiques

D’autres enjeux jalonnent le futur du Brabant wallon : celui de la mobilité n’est pas le moins urgent. L’arrivée du RER, moult fois reportée mais bel et bien sur les rails (semble-t-il, en tout cas, vu qu’on n’est jamais au bout des surprises dans ce dossier), devrait dissuader pas mal de navetteurs d’emmener leur véhicule dans les rues de Bruxelles. Mais comme l’exemple de la gare d’Ottignies le démontre, des aménagements importants doivent nécessairement être imaginés pour faire face à ces nouveaux flux d’utilisateurs.

Question de mobilité toujours : le réseau autoroutier du Brabant wallon, traversé par la E40, la E411 et la E19, est si fourni qu’il donne bien souvent aux automobilistes l’envie (bien naturelle) de couper à travers terres pour « switcher » d’autoroute. Avec les problèmes d’engorgement que cela peut causer, comme à Jodoigne par exemple. Les contournements de villes et communes donneraient de l’air à certains centres-villes.  » Si certains contournements sont problématiques, je veux insister sur les opportunités liées aux transports en commun ou au covoiturage « , souligne le ministre du Développement territorial, André Antoine. Qui poursuit :  » On manque d’écoles en Brabant wallon, de maisons de repos publiques, d’une grande infrastructure hospitalière. Ces problèmes sont au moins aussi importants que ceux des routes. « 

Reste l’épineuse question du logement. Le Brabant wallon fait partie du top 3 (avec son alter ego flamand) de ce qui se fait de plus cher en Belgique. Terrains et constructions hors de prix, pression immobilière, la province dispose encore de 3 000 hectares de zones potentiellement bâtissables (les fameuses ZACC, zones d’aménagement communal concerté) à mettre en £uvre par les collectivités locales. A la Région toujours, on invite les municipalités à  » utiliser le sol de manière parcimonieuse, pour ne pas tout urbaniser, et à prendre ses responsabilités.  » Comme on le voit, ce ne sont pas les responsabilités (et les enjeux) qui manquent.

Dossier coordonné par Philippe Coulée et Laurence Van Ruymbeke, avec Gérald de Hemptinne, Gilles Qu

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