Emmanuel Macron a été la figure centrale du premier débat présidentiel. © PATRICK KOVARIK/REUTERS

Macron s’en sort bien

Un peu léger sur le fond, un peu fanfaron sur la forme, le candidat d’En marche ! a pourtant réussi son examen d’entrée dans le premier débat télévisé de la présidentielle.

Sa prestation était la plus attendue parce qu’il avait la plus faible expérience de ce genre d’exercice. Lors du premier grand débat télévisé de la présidentielle française, Emmanuel Macron n’a pas hypothéqué ses chances d’atteindre le second tour de l’élection, le 7 mai. Tutoyant Marine Le Pen dans les sondages et bénéficiant d’un tirage au sort qui lui avait attribué une position centrale sur le plateau de TF1, le candidat d’En marche ! a tiré profit d’une focalisation sur sa personne qui ne s’est pas démentie tout au long du débat. D’autant que s’affichant  » et de gauche et de droite « , Emmanuel Macron s’est plu à approuver tantôt une prise de position de François Fillon, tantôt une proposition de Benoît Hamon, voire même de Jean-Luc Mélenchon. De la sorte, il a sans doute figuré le candidat le plus à même de rassembler ses concitoyens quand Marine Le Pen, sa principale rivale du moment, a été fustigée, par lui et par d’autres candidats, pour sa volonté de  » diviser les Français  » par ses stigmatisations incessantes des musulmans.

A l’aise alors qu’on l’attendait crispé par l’importance de l’enjeu, Emmanuel Macron a cependant paru à certains moments fanfaronner jusqu’à l’excès, une attitude qui a pu entacher sa quête de  » présidentialité « . Autre faiblesse du jeune candidat, l’absence de marqueurs forts dans son programme, particulièrement criante lorsqu’ont été abordés les dossiers de politique internationale en fin d’émission.

Mélenchon l’emporte sur Hamon

Ce n’est assurément pas une lacune qui peut être retenue contre Marine Le Pen. La candidate du Front national a déroulé les points saillants de son programme avec d’autant plus de fermeté que ses idées – la sortie de la zone euro, l’arrêt des allocations familiales aux parents d’enfants délinquants récidivistes… – ont l’avantage d’une radicalité immédiatement compréhensible. Même si leurs conséquences masquées seraient particulièrement dommageables, comme l’a démontré François Fillon en évoquant le chaos économique qui accompagnerait le retour au franc.

Cette campagne présidentielle restera-t-elle comme celle de l’immense gâchis de la candidature de la droite ? François Fillon a une nouvelle fois prouvé, quel que soit le jugement que l’on puisse porter sur ses options libérales, qu’il dispose sans doute du programme le plus charpenté et le plus réaliste. Mais l’homme des Républicains a semblé en retrait voire timoré pendant une grande partie du débat comme s’il redoutait d’être à nouveau assailli par les interrogations autour du Penelopegate, ce qui n’eut finalement pas lieu.

Une posture à mille lieues de la décontraction d’un Jean-Luc Mélenchon, sans doute le tribun le plus doué du quintet, qui a allié conviction et humour pour développer ses idées, dont l’instauration d’une VIe République. Dans le duel qui l’oppose à Benoît Hamon pour la prédominance à gauche, il a sans doute marqué des points tant le candidat du PS est apparu par trop professoral et même sur la défensive à propos de sa proposition phare de revenu universel. Un sondage express Elabe/BFMTV l’a accrédité sans pincettes : Benoît Hamon est celui qui a été le moins convaincant auprès des 1 157 Français sondés : 11 % seulement ont été séduits par lui, 19 % l’ont été par François Fillon et Marine Le Pen, 20 % par Jean-Luc Mélenchon et 29 % par Emmanuel Macron. Le privilège de la jeunesse et de la nouveauté ?

PAR GÉRALD PAPY

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