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Livres

Un été à Majorque

Voilà un roman de saison, estival au possible, qui se déroule à Majorque, dans une grande villa avec piscine. Franny, écrivain new-yorkaise, l’a louée pour célébrer ses trente-cinq ans de mariage avec Jim, journaliste, et le diplôme de fin d’études de leur fille. Le frère aîné, agent immobilier à Miami, est aussi du voyage avec sa compagne, une prof d’aérobic plus âgée que lui. La maison est d’un goût exquis, le soleil est au rendez-vous, la nature de toute beauté. Mais les tensions conjugales ressurgissent… Ce premier roman d’Emma Straub traduit en français sonde au plus près les états d’âme de ses personnages, d’une écriture neutre, sans lourdeur. On la retrouve dans son nouveau roman, Modern Lovers (Presses de la Cité) qui vient de paraître. Un été pop, à Brooklyn, cette fois.

D. P.

Histoires de peau

La meilleure façon de ne pas bronzer idiot est peut-être de s’interroger sur le statut de son corps sur sa serviette de plage. Tel est l’enjeu de l’essai, malicieux, de Christophe Granger qui, dans La Saison des apparences, s’interroge :  » Qu’est-ce que ces corps d’été peuvent bien avoir à nous dire des jeux sociaux et politiques qui se sont joués à travers eux ?  » Mais l’historien ouvre aussi son sujet aux  » manières d’être  » des uns et des autres durant cette période ensoleillée. Il remonte jusqu’à la fin du xixe, quand les médecins prétendaient que l’été détraquait la  » mécanique de la digestion et celle de l’exsudation « . Au début du xxe, les valeurs ont évolué et la saison chaude est devenue symbole de simplicité, de naturel. On commence à s’interroger sur la manière d’être vu sur la plage – ce qu’il faut montrer, ce qu’il convient de cacher, aussi… Du bronzage à l’influence des magazines féminins en passant par l’évolution des maillots, les normes de beauté ou les croisades catholiques contre l’immoralité, Christophe Granger explore les époques, jusqu’à aujourd’hui (l’affaire du  » burkini « ), avec un développement particulièrement intéressant sur la libération sexuelle. Vous tiendrez là un alibi parfait pour zyeuter les autres à leur sortie de la mer : c’est de la sociologie, voyons !

B. L.

Fausse piste

Disons-le tout net : Le Polar de l’été n’en est pas un. Certes, Luc Chomarat, lauréat du grand prix de littérature policière, en 2016, pour Un trou dans la toile, excelle dans le genre. Et son narrateur, qui lui ressemble, écrit également des polars. Pas vraiment des best-sellers, hélas, comme ceux que prise sa dernière épouse pendant leurs vacances sur l’île de Ré avec enfants et amis. Notre homme s’est donc mis en tête d’écrire  » rapidos  » ce fichu  » polar de l’été « , pour  » que les jeunes femmes bronzées étendues sur le sable blanc du littoral, le cul tourné vers le ciel, dévorent (ses) livres, pas ceux de Douglas Kennedy « . D’où son idée de plagier Pas de vacances pour les durs, d’un certain Paul Terreneuve, polar hard boiled de 1964 figurant autrefois dans la bibliothèque paternelle. Mais impossible de le retrouver, y compris sur le Net… Sa quête devient prétexte à des considérations littéraires et existentielles captivantes, souvent désabusées, sur un ton à la fois caustique et mélancolique. Et sous les auspices de Paul Valéry :  » Il faut tenter de vivre.  » Mieux qu’un polar.

D. P.

Candide moderne

Peut-on rire de tout, y compris du pire ? Dans un conte satirique très inspiré du Candide, de Voltaire, le Sud-Africain Christopher Hope répond  » yes  » sans hésiter. En 1984, un jeune garçon surgit sans crier gare du milieu de l’océan Indien. Ramené en Afrique du Sud, il travaille pour un jardinier, Malala le Soviet, sorte de Pangloss marxiste et farfelu. Forcé de quitter le pays, le voilà catapulté dans un long voyage initiatique à travers les pages les plus sombres de la fin du xxe siècle. Du Zimbabwe au Liberia en passant par Tchernobyl, l’humour grinçant de Hope fait mouche, tant son héros, armé d’une redoutable candeur, chatouille le mal dans la plaie. La morale, signée Voltaire, est placée en exergue :  » Les hommes seront toujours fous ; et ceux qui croient les guérir sont les plus fous de la bande.  »

E. Le

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