Lettre aux politiques

Après le non-redoublement en première secondaire et la suppression des devoirs en primaire (idée de génie récompensant la fainéantise), le décret Inscriptions a été jeté dans l’arène : ah, quel beau projet social ! Des parents de diverses origines ont dû camper devant des écoles (principalement renommées) dans le froid et sur le trottoir pour discuter, pour manger des sandwichs et accessoirement inscrire leur enfant dans l’école de leur choix. Après cet épisode si humain, dénoncé par de nombreuses personnes et associations (certaines parlant d’un choc plus important que la Seconde Guerre mondiale : recueillez les témoignages et vous comprendrez !), une nouvelle mouture a été proposée : le décret Mixité. Celui-ci impose, entre autres aux écoles, 15 % d’enfants issus d’écoles défavorisées (les critères eux-mêmes restant relativement flous).

Plusieurs remarques sont à formuler. Premièrement, cette mixité existe déjà dans bon nombre d’écoles réputées : il suffit de consulter les listes de classes et de connaître la profession des parents pour se forger une idée exacte de la situation (…). Deuxièmement, votre idée consiste à déplacer le problème (déshabiller Pierre pour habiller Paul) : au lieu de répondre aux réponses urgentes là où il le faut, vous mettez les élèves à problèmes dans de très bons établissements pensant que tout va être résolu ! Vous ne donnez pas de moyens supplémentaires à ces écoles et vous pensez que le simple contact avec des étudiants meilleurs va arranger les choses : quelle utopie ! Vous me direz qu’en accordant des moyens supplémentaires en discrimination positive à la rentrée 2010, vous résoudrez des situations délicates. Mais allez-vous trouver le personnel suffisant et adéquat vu la déconsidération salariale et sociale du corps éducateur et n’est-ce pas trop tard quand ces écoles hurlent à l’urgence depuis plus de 10 ans ? On panse péniblement les plaies mais on n’évite guère les accidents. Ne pensez-vous pas qu’il faudrait s’attaquer aux difficultés dès l’école primaire et promouvoir un examen final de bonne qualité (des élèves ayant obtenu 90 % en fin de primaire échouent en première secondaireà). Troisièmement, avec votre système de loterie (chaque école choisissant son système : quel jeu !), vous donnez l’exemple. On ne félicite pas les parents/élèves £uvrant pour la réussite mais ceux qui ont de la chance (être né vers le 1er avril, par exemple). Ainsi, va la vie (quel fatalisme) : il y a des perdants et des gagnants (comme en politique). Notez aussi qu’ avec ce projet certains parents fuient vers l’enseignement néerlandophone (on va encore perdre les meilleurs alors que les enquêtes de l’OCDE montrent l’inefficacité de notre enseignement) ou vont devoir parcourir des kilomètres (vers une école qu’ils avaient prise pour être sûrs d’avoir une place) alors qu’il y en a une juste à côté de chez eux. Vive l’absurdité et le despotisme. Il paraît que, depuis peu, des penseurs cogitent quant au critère géographique : comment vont-ils procéder ? N’est-ce pas un aveu d’échec quant au décret, sachant que les écoles fonctionnent par quartier (achetez-vous votre maison près d’une école  » détonnante  » [jeu de mots] quand vous pensez à votre voiture et à l’avenir de vos enfants ?) à Par ce décret, des établissements privés voient le jour (allez-y voir la mixitéà) et d’autres connaissent un immense succès. Va-t-on arriver au système anglo-saxon, voire français : le public pour les nuls et le privé pour les autres ? (…)

Vincent De Vos, professeur de français, par courriel.

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