Paradoxe : la lutte contre Boko Haram a forcé une démocratisation du régime nigérian, constate Marc-Antoine Pérouse de Montclos. © BELGAIMAGE

Les vérités sur le djihad d’Afrique

Dans L’Afrique, nouvelle frontière du djihad ? (La Découverte, 240 p.), Marc- Antoine Pérouse de Montclos démonte plusieurs idées reçues sur l’islamisme en terre africaine. Existe-t-il un  » arc de crise  » de conflits interconnectés de la Somalie à la Mauritanie ? Non, mais bien, ces dernières années, des foyers fondamentalistes en Somalie (les chebab), au Nigeria (Boko Haram) et au Mali (Al-Qaeda au Maghreb islamique et ses dérivés). Une islamisation de l’Afrique ? Pas vraiment, la progression démographique a été plus forte chez les chrétiens que parmi les musulmans (les premiers représentaient 9 % de la population de l’Afrique subsaharienne en 1900 contre 14 % pour les musulmans, et 57 % en 2010 contre 29 % pour les musulmans). Une importation du radicalisme musulman depuis l’Arabie saoudite ? Pas seulement. La région a connu, au xixe siècle déjà, un djihadisme local fomenté par des confréries soufies aussi radicales que les djihadistes actuels. Pour l’auteur, il est clair que les Occidentaux préfèrent avancer l’explication d’un djihadisme globalisé parce que  » les racines africaines des conflits sahéliens et djihadistes d’aujourd’hui démontrent, à leur manière, les ratés de modèles coloniaux dont les projets étatiques n’ont pas satisfait les demandes de justice sociale, laissant un vide que les promoteurs d’une application stricte de la charia se sont empressés de combler « . C’est dans la corruption des élites et la déliquescence des services publics de base qu’il faut d’abord chercher, selon Marc-Antoine Pérouse de Montclos, les sources de l’attraction exercée sur la jeunesse par les djihadistes.

Les vérités sur le djihad d'Afrique

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire