Al-Qaeda a prospéré dans le sud du Yémen, y compris sur un terreau socialiste radical. © Khaled Abdullah/reuters

Les tourments du Yémen en roman

La guerre civile du Yémen qui oppose les forces gouvernementales soutenues par l’Arabie saoudite et les rebelles chiites houtis proches de l’Iran a fait plus de 10 000 morts dans une grande indifférence des Occidentaux. Le roman La fille de Souslov (Actes Sud, 186 p.), de Habib Abdulrab Sarori, écrivain yéménite et professeur d’informatique à l’université de Rouen, est une rare opportunité d’en découvrir les soubassements. C’est en effet sur fond d’histoire contemporaine de ce pays divisé, réunifié, secoué par des sécessions que se développe le parcours d’Amran, jeune Yéménite parti poursuivre ses études à Paris, qui est progressivement happé par les maux de l’époque, le terrorisme et l’extrémisme islamiste. Le coeur du récit confronte le héros, de retour dans son pays natal après la mort de sa compagne dans l’attentat du RER Saint-Michel à Paris, à Amat, un amour de jeunesse, fille d’un apparatchik du régime socialiste de l’ancien Yémen du Sud devenue prédicatrice islamiste sous la coupe d’un imam soupçonné, entre autres, d’avoir inspiré les terroristes qui ont agi en France. De platonique, l’idylle deviendra brûlante et révélera les rapports ambigus de défenseurs d’un islam rigoriste avec le sexe, l’alcool, la perversion…  » Bénies soient l’hypocrisie religieuse et les contradictions existentielles des dévots « , se réjouit Amran, l’amant de la leader islamiste. Une satisfaction vouée à être illusoire car, à l’instar de la révolution du printemps arabe à Sanaa, le rêve sera vite submergé par le retour du réel, agité par les fractures et les blessures de la vie.

Gérald Papy

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