Les stars sont près de chez vous

A Lille, Bruxelles et Namur… Laissez-vous surprendre par les créations des artistes contemporains les plus en vue. Tout pour le plaisir !

25 ans : Happy Birthday, galerie Perrotin

Lille3000 accueille la Galerie Perrotin pour une exposition célébrant la vision du galeriste français Emmanuel Perrotin, à travers une sélection d’oeuvres d’artistes qu’il a défendus. Sur 6 000 m2, la scénographie réunit 80  » noms  » découverts et promus par ce marchand d’art hors-normes dont l’activité parisienne remonte à vingt-cinq ans.

Allergique à l’école, l’adolescent préfère les plaisirs de la vie nocturne, les extravagances et la vie festive. A 17 ans, un galeriste lui propose un job d’assistant. Comme le travail ne commence qu’à 14 heures, il accepte. Il y rencontre de grosses pointures comme Marina Abramovic ou Alighiero e Boetti et se prend au jeu. A 22 ans, il inaugure sa première galerie dans une chambre qu’il partage avec un colocataire dans le Marais, à Paris. Le jeune loup a du flair. Il débusque ainsi avant tout le monde l’un ou l’autre créateur aujourd’hui incontournable. Ainsi le sulfureux Damien Hirst qu’il est le premier à exposer en France.

Un peu plus tard, une amie lui prête, dans le VIe arrondissement, un vrai local aussitôt baptisé  » Ma galerie « . En 1992, le voici rue Beaubourg, à l’ombre du Pompidou, puis rue Louise Weiss, dans le XIIIe, où vont se concentrer les galeries les plus avant-gardistes. Enfin en 2004, il installe son QG sur 1 500 m2 dans… le Marais. Cap sur Miami où il ouvre une deuxième adresse (2006-2010). En 2012, il en lance une autre à Hongkong… avant New York, il y a quelques semaines.

De Murakami ou Takano à Othoniel ou Catelan, de Veilhan à Bernard Frize, son écurie joue autant la carte du néo-pop, voire du bling-bling que de la rigueur ou de l’émotion. On y trouve aussi quelques Belges : Wim Delvoye, Pieter Vermeersch et Johan Creten. A Lille, on se régale par l’ampleur de la démonstration et la qualité des pièces choisies. On avait pris l’habitude de ce type de show organisé par les grands collectionneurs (Pinault à la Conciergerie de Paris, par exemple). Emmanuel Perrotin rappelle qu’avant d’atterrir chez eux, les oeuvres ont été repérées par des galeristes. Comme lui.

25 ans : Happy Birthday, galerie Perrotin, au Tri Postal, avenue Willy Brandt, à 59000 Lille. Jusqu’au 12janvier. www.lille3000.eu

Anthony Caro, le père de la  » nouvelle sculpture anglaise  »

Le 24 octobre dernier, trois jours avant la fermeture de l’exceptionnelle exposition de ses oeuvres au musée Correr de Venise, Anthony Caro meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 89 ans. Il ne verra donc pas le nouvel espace bruxellois de la galerie Daniel Templon où sont présentées quelques-unes de ses ultimes oeuvres. Dans l’histoire de la sculpture du XXe siècle, l’artiste britannique occupe une place essentielle même si ses élèves (Tony Cragg, Richard Deacon, Bill Woodrow ou encore Richard Long et Flanagan), réunis sous le label  » nouvelle sculpture anglaise  » ont, à partir des années 1980, plus largement imposé leurs travaux. S’il travaille auprès de Henri Moore et écoute ses conseils, si Matisse et Picasso demeureront ses guides toute sa vie, c’est sans doute à la faveur d’un voyage aux Etats-Unis dans les années 1950 et d’une rencontre avec le critique Clement Greenberg qu’il opte pour l’abstraction. Mais au lieu de la traduire, comme Moore le fera dans les années 1960 de façon organique, Caro multiplie les expériences à partir de poutres et de panneaux (parfois de récupération) qu’il peint de couleurs vives et pose à même le sol. Toujours, au lieu de volumes pleins, il propose une suite complexe d’interactions entre des éléments graphiques et des surfaces planes ou courbes) aux sonorités métalliques. Parfois, il confronte les matériaux, fait dialoguer les poutres en bois et les plaques d’acier. Dans les années 1980, la figure revient mais de manière allusive. L’oeuvre se dresse offrant sa frontalité au regard autant que sa masse. Ce sont des pièces de ce type qui sont montrées à Bruxelles.

Anthony Caro. Sculptures récente, Galerie Daniel Templon, 13A, rue Veydt, à 1060 Bruxelles. Jusqu’au 21 décembre. www.danieltemplon.com

Erwin Wurm, entre humour et provocation

Quatre expositions importantes – à Moscou, Cracovie, Vienne et Venise – ont rythmé l’année 2013 de l’Autrichien Erwin Wurm. Le voici chez Xavier Hufkens avec trois séries de pièces. La première renoue avec sa fascination pour le corps. On se souviendra des performances auxquelles il invitait les spectateurs en les soumettant à diverses épreuves aussi inattendues que drôles et déstabilisantes. Pour ce faire, il posait des pièges (surface de sol instable, objets ou fruits à maintenir entre les jambes ou à poser sur la tête…) et photographiait la pose obtenue. De la même manière, avec cette dose d’humour à la viennoise, il s’attaqua à la question de l’embonpoint, transformant par exemple, une voiture rose en véritable car-bibendum. Ici, il propose des fragments d’anatomie réunis entre eux par un objet (un seau en plastique), opérant ainsi tout à la fois déconstruction et reconstruction afin de dresser le portrait de divers sentiments comme la peur ou l’angoisse. Une deuxième série d’oeuvres ont la maison pour sujet alors qu’il ouvre un troisième chapitre avec des pièces en bronze dont le module ou l’héroïne n’est autre… qu’une saucisse de Francfort.

Synthesa, Galerie Hufkens, 6, rue Saint-Georges, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 4 janvier. www.xavierhufkens.com

Johnny White, un bestiaire mécanique

Une première en Belgique et sur 240 m2, voici les machines animales de l’Anglais Johnny White. Ici un moustique à vélo, là un centaure qui fait son shopping, là encore un cochon volant. Ce sont de grands automates aux connotations parfois mythiques, que chacun prendra plaisir à actionner en tournant une manivelle, en actionnant une manette ou une pédale. Entre mécanique et électricité, l’artisan se fait poète. Tour à tour ferronnier, électricien, soudeur, ajusteur et tourneur, il invente un univers improbable, drôle et parfois un peu inquiétant.

Machinations, Galerie du Beffroi, 13, rue du Beffroi, à 5000 Namur. Jusqu’au 5 janvier. www.ville.namur.be

Par Guy Gilsoul

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