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Les questions migratoires

Le PTB est mal à l’aise sur certains sujets, sur lesquels il évite de faire campagne. Raison de plus pour en parler.

C’est un curieux tabou, somme toute, dont beaucoup parlent, et dont le sujet conteste ne pas oser en parler. Encore ce mercredi 27 mars, sur Matin Première (lire page 42), une dame à la belle blouse brune d’Uccle demandait à Raoul Hedebouw comment il allait faire pour lutter contre le racisme, parce qu’il n’avait pas l’air d’en parler beaucoup. Et l’hôte matinal, Thomas Gadisseux, de péremptoirement renchérir :  » Il y a un malaise au PTB sur les questions migratoires.  » Raoul Hedebouw le sait. Il ne le dit pas, bien sûr, et son argumentaire en deux points passe comme de la maquée sur une tartine de beurre. Un, le PTB veut lutter contre les causes des migrations, la colonisation et l’impérialisme. Deux, le PTB veut bien professer son antiracisme, mais personne ne l’interroge jamais sur la question.

Drôle de tabou, donc, dont le refouleur voudrait parler. En fait il le refoule bien, mais vers l’extérieur. Parce que l’antiracisme du PTB, bien sûr, est incontestable, intrinsèque à son existence même. Ses fondateurs, entêtés d’internationalisme, ont tissé dès leurs premiers balbutiements des liens à l’échelle planétaire, entre guérillas congolaises et autoritarismes asiatiques. Intal, son organisation satellite de coopération au développement, est bien plus active que ses homologues des partis traditionnels. Ses militants, bien sûr, sont depuis le début au parc Maximilien, où se regroupent les migrants, à Bruxelles. Et c’est le PTB qui noyaute, reproche-t-on chez Ecolo et au PS, les manifestations nationales contre le racisme.

L’énumération devrait suffire. Pourtant pas. Car le PTB a deux électorats, qu’il ne veut pas diviser, et ces deux électorats se croisent peu : une couche ouvrière, d’ancienne extraction, dans les bassins industriels wallons particulièrement, et une couche plus jeune, plus colorée, à Bruxelles notamment. Ses messages internationalistes, son engagement propalestinien, ses actions d’aide aux migrants, il les réserve à la seconde, tandis que la première n’est nourrie exclusivement qu’au bon grain socio-économique, que le parti distribue généreusement partout. C’est ainsi qu’au cours de la législature écoulée, les parlementaires fédéraux du PTB auront surtout importuné Daniel Bacquelaine (MR) ou Johan Van Overtveldt (N-VA) plutôt que Theo Francken (N-VA). Le PTB communique en silos, séparant précieusement le flux de ses robinets.

Dimanche 24 mars, sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche, c’est Paul Magnette qui, reprenant l’argument de Mischaël Modrikamen, exigeait de Marc Botenga, tête de liste PTB à l’Europe, qu’il  » clarifie la positon de son parti sur les frontières ouvertes « . Plus tôt, c’était Richard Miller qui avait accusé le PTB de tolérer le terrorisme islamiste parce qu’il n’avait pas voté certaines des mesures adoptées après les attentats de Paris et de Bruxelles. C’est signe qu’il y a une faiblesse. Donc un tabou.

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