Les promoteurs sont dans la place

Xavier Attout

Les familles Nellens et Lippens se sont partagé l’aménagement de Knokke au début du XXe siècle. Aujourd’hui, le pouvoir appartient aux promoteurs.

 » Avant, quand on empruntait l’avenue Lippens, on disait que le côté gauche, c’étaient les Nellens, et le droit, les Lippens. Chacun a aménagé un pan de Knokke à sa manière.  » Philippe Muylle, patron de la Compagnie Le Zoute, le bras immobilier des Lippens, est un fin connaisseur de la question knokkoise. Il faut dire qu’il s’est plongé il y a quelques années dans la rédaction d’un ouvrage sur les 100 ans de la Compagnie.

Peu de familles ont pesé sur l’histoire de cette cité balnéaire qui est aujourd’hui la plus riche et la plus branchée de la côte belge. A la fin du XIXe siècle, vers les années 1880 (lire aussi en page 64), alors qu’il n’y a encore pratiquement que des dunes à Knokke, le premier projet de lotissement rassemble les familles Parmentier, Verwee et Van Bunnen. La Compagnie Le Zoute apparaît en 1908, avec l’objectif de rassembler les différentes propriétés des Lippens. Elle urbanise Le Zoute à tour de bras, multipliant les projets de villas cossues de style anglo-normand. On lui doit également le club de tennis, l’un des plus grands de Belgique (29 terrains) et le prestigieux Royal Zoute Golf Club.

 » Les Lippens ont rassemblé de nombreuses familles apparentées dans leur projet d’urbanisation, telles que les t’Serstevens et d’Arschot Schoonhoven, précise Philippe Muylle. Ils ont également bénéficié de l’apport de terrains des Piers de Raveschoot. Notons toutefois qu’à l’époque, il n’y a pas eu que les Lippens. Les Nellens ont également eu une influence considérable sur le développement de Knokke.  » Ces derniers favoriseront l’expansion d’Albert-Plage et des environs du casino, côté Heist. Sans oublier le fait qu’ils ont contribué, avec d’autres, à l’aménagement de la commune voisine de Duinbergen (aujourd’hui intégrée à Knokke-Heist), faisant appel au fameux urbaniste allemand Hermann-Josef Stübben. Les Van Bunnen ont quant à eux investi le centre de Knokke, contribuant à un certain classicisme.

 » Les Nellens et les Lippens ont aménagé la ville de manière différente, poursuit Philippe Muylle. Les premiers favorisant le développement des abords du centre-ville et des immeubles à appartements alors que les Lippens ont privilégié le développement de quartiers et de villas. Ces typologies de constructions sont encore marquantes aujourd’hui quand on se balade dans Knokke. Il y a eu deux approches de l’immobilier. C’est une richesse d’avoir ces différences. Elles ont été préservées dans le temps.  »

Des familles aujourd’hui disparues

Toutes ces familles ne pèsent plus rien aujourd’hui. Jacques Nellens, ancien directeur du casino de Knokke, est décédé en 2010, sans descendance. Alors que les enfants de l’artiste et collectionneur Roger Nellens ne sont pas intéressés par le développement immobilier. Les autres familles ont vendu participations et terrains et n’ont plus d’impact économique.

Qui a la main alors aujourd’hui ? Outre les Lippens, les grands promoteurs tels que Ghelamco (de Paul Gheysens) ou le brasseur Van Honsebrouck, dont le fils s’est lancé dans l’immobilier, font la pluie et le beau temps de cette cité de 34 000 habitants.  » Ce sont eux les vrais décideurs, ceux qui font tourner la machine « , aime à répéter Leopold Lippens. Comme pour se dédouaner de la mainmise familiale…

Xavier Attout

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