Les postes de télévision se terrent

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

En ces temps de crise, les Wallons tardent à payer leur redevance radiotélé. Sur le terrain, des contrôleurs tentent de récupérer l’argent dû. Vaste programme.

Ils sont douze, douze seulement, pour sillonner toute la Région wallonne. Armés de leur qualité d’officier de la police judiciaire, qui leur confère le droit de se présenter chez les habitants pour vérifier s’ils possèdent une télévision ou un autoradio, ils ont la lourde tâche de récupérer l’argent des redevances impayées.

Est-ce le fait de la crise ? Est-ce la confusion née de la suppression, depuis le 1er octobre 2008, de la seule redevance autoradio, tandis que la taxe télé est, elle, maintenue jusqu’en 2013 ? A la fin de l’ année dernière, en tout cas, les paiements des contribuables wallons sont arrivés plus tard que d’habitudeà ou ne sont pas arrivés. Combien sont-ils à être défaillants ? Aucun chiffre n’est communiqué sur cette délicate question.  » Les défauts de paiement ne sont pas quantifiables, dit-on au service ad hoc de l’administration wallonne. Ils sont très mouvants. « 

En 2007, la redevance radiotélé avait rapporté 186 millions d’euros à la Région wallonne, pour 170 millions l’ an dernier et 130 millions inscrits au budget 2009. La recette de 2008 comprend quelque 400 000 euros payés au titre de taxe pour les auto-radios ; ils seront remboursés, cette année, aux contribuables payeurs, puisque cette redevance a été supprimée trois mois avant la Saint-Sylvestre.

Dans la foulée, le processus de recouvrement s’est mis en place.  » Avant de clôturer définitivement le chapitre de la taxe autoradio, il faut récupérer les sommes non perçues « , explique Jean-Marc Valkenborg, responsable de la communication au sein de la  » cellule administrative transitoire  » en charge d’une partie de la fiscalité wallonne. Dans leur bureau, les agents du service des impayés s’y activent. Sur le terrain, les contrôleurs font de même : aucune source de renseignements ne permet en effet de savoir si un Wallon détient ou non un autoradio. Pour la télévision, en revanche, l’information peut provenir des opérateurs de télédistribution. En théorie, les consommateurs devraient spontanément avertir leur admi-nistration de la présence d’un autoradio dans leur voiture ou d’une télévision dans leurs murs, mais ce n’est que rarement le cas.

Chaque année, 900 000 invitations à payer la redevance radiotélévision sont glissées dans les boîtes aux lettres de Wallonie. Montant de la facture : entre 25 et 30 euros pour la taxe autoradio, aujourd’hui disparue, et environ 100 euros pour la redevance télévision. S’ils ne s’en acquittent pas à temps, les retardataires reçoivent un avertissement extrait de rôle. Et si ce dernier courrier reste sans suite, le service des impayés se met à l’£uvre, avec le renfort des contrôleurs de terrain.  » Dans les trois quarts des cas, nos contrôleurs sont bien accueillis, explique-t-on au sein de la cellule fiscale. Mais il n’est pas rare qu’ils soient menacés, voire agressés. « 

C’est que la sanction infligée aux mauvais payeurs peut être rude : en plus du doublement de la taxe, ils risquent une amende maximale de 1 000 euros par infraction, avec un effet rétroactif de trois ans tout au plus. Pour les montants impayés eux-mêmes, la régularisation peut s’effecteur en remontant jusqu’en 2002 ! Les douze contrôleurs wallons, qui ne s’occupent pas seulement de la perception des redevances radiotélévision non payées, effectuent de 20 000 à 25 000 contrôles par an. Dans leur genre, ce se sont les derniers des Mohicans : la taxe radiotélévision a été supprimée à Bruxelles et en Flandre.

Laurence van Ruymbeke

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire