Les petites cousines

Elles ont le goût, l’odeur et la couleur d’une sicav, mais elles n’en possèdent pas tous les atouts. A n’utiliser qu’à titre de diversification

Le succès des sicav des banquiers ne pouvait laisser indifférents les autres acteurs de la scène financière. Tour à tour, assureurs, Bourses et sociétés d’investissement ont imaginé des produits similaires, sans toutefois mettre en évidence les différences qui méritent pourtant d’être signalées.

Les fonds d’assurance

C’est la réplique des assureurs. Ce sont des produits d’assurance-vie relevant de ce qu’on appelle la  » branche 23 « , c’est-à-dire sans rendement garanti. Ils prennent, bien entendu, la forme d’un contrat nominatif (pas de livraison matérielle possible), avec un assureur, un assuré et un bénéficiaire. Si bien que, dans certains cas, en cas de décès de l’assuré avant l’échéance, le bénéficiaire peut toucher jusqu’à 150 % du capital assuré. C’est le cas, notamment, de la Postock Fund, créée il y a quelques semaines par Les Assurances de La Poste.

Les primes versées par les souscripteurs sont investies, comme pour les sicav, dans des actions et/ou des obligations. A tel point qu’on retrouve les mêmes catégories, à savoir les fonds d’actions, les fonds obligataires et les fonds mixtes. Le plus souvent, les fonds d’assurance n’investissent pas directement dans des valeurs individuelles, mais dans des fonds de placement déjà constitués. En quelque sorte, des fonds de fonds.

Les fonds d’assurance, sauf exceptions, n’existent que sous la forme de fonds de capitalisation, c’est-à-dire sans versement de dividendes. Si on désire des revenus réguliers, il faut passer par la revente des titres. Attention, toutefois, les remboursements demandés lors des premières années du contrat donnent lieu à la perception d’une pénalité de départ anticipé (quelques pour cent).

Une autre précaution à prendre : se faire préciser, dans le détail, la nature des frais d’entrée, de sortie et de gestion. Ils sont souvent plus élevés que pour les sicav, ce qui pèse sur la rentabilité. Mais les assureurs sont en général peu loquaces sur le sujet.

Les fonds d’assurances dégagent un return souvent proche de celui de leurs homologues sicav. On pointera néanmoins la performance de Zelia Equities Belgium qui, depuis sa création et malgré la méforme de la Bourse belge, a réalisé un rendement annuel moyen de l’ordre de 8 %.

Les fonds fermés

A la différence du capital des sicav, qui est variable, celui des fonds fermés, comme ceux des sociétés commerciales classiques, est fixe. D’où leur appellation  » sicaf « . Ce qui signifie que, pour se procurer une part de ce type de fonds, il faut attendre qu’un détenteur cède une des siennes. C’est en Bourse que, le plus souvent, ces transactions s’opèrent. Autrement dit, les fonds fermés sont cotés, comme n’importe quelle action. Leurs cours évoluent en fonction de l’offre et de la demande, et on observe généralement un écart négatif entre le cours et la valeur intrinsèque du portefeuille du fonds, constitué lui aussi d’actions et d’obligations.

Mis à part le cas des sicafi (sicaf immobilières, auxquelles on reviendra ci-dessous), aucun fonds fermé n’a été créé dans notre pays, faute de cadre légal. On les trouve surtout dans les pays anglo-saxons et, en particulier, aux Etats-Unis. Si vous êtes intéressé par ce type de produit, sachez que leurs cours ne sont pas publiés dans la presse financière belge et ne perdez pas de vue que les frais d’achat et de vente, à la Bourse de New York, sont assez élevés pour un investisseur belge. Bien entendu, les titres ne sont pas livrables physiquement.

Les sicafi

A dire vrai, les sicafi sont des cousines assez éloignées des sicav. Puisque leur capital est fixe, elles sont cotées en Bourse, et leur portefeuille n’est pas composé de valeurs mobilières (actions, obligations…) mais bien d’immeubles (bureaux, commerces, logements, etc.). Le cours des sicafi n’est pas strictement lié à la valeur réelle des biens immobiliers – lesquels font néanmoins l’objet d’une évaluation indépendante chaque trimestre – mais dépend essentiellement de la qualité des gestionnaires de la société, de l’évolution du marché immobilier et du niveau des taux d’intérêt.

Les sicafi ont néanmoins deux traits communs avec les sicav. D’une part, la diversification de leur portefeuille, puisque leur parc est composé de nombreux immeubles (ce qui les différencie des certificats fonciers). D’autre part, un statut fiscal particulier : les sicafi ne sont pas assujetties à l’impôt des sociétés, mais les dividendes qu’elles distribuent sont, eux, soumis au précompte mobilier.

A noter qu’il existe, dans la famille des sicav, des fonds à vocation immobilière. Il s’agit de sicav spécialisées sectoriellement, dont le portefeuille est composé d’actions de sociétés immobilières, de certificats fonciers, voire de sicafi.

Une douzaine de sicafi sont cotées à la Bourse de Bruxelles. Les plus connues et aussi les plus importantes sont Cofinimmo et Befimmo. Depuis le 1er janvier 1998, leurs cours ont certes fait du surplace, ce qui, en soi, constitue déjà une espèce de performance. Chaque année, des dividendes de l’ordre de 5 % ont, en outre, été payés.

Les  » trackers  » et autres  » minis « 

C’est la réponse des Bourses aux sicav des banquiers. Ce produit, qui prend appui sur des indices boursiers, est apparu aux Etats-Unis il y a huit ans, avec les  » diamonds « , pour le Dow Jones, et les  » spiders « , pour le SP 500. Chez nous, il a vu le jour en décembre 1999. Le principe est simple : lorsque l’indice de référence, en l’occurrence le BEL20, passe de 2 500 à 3 000 points, le  » mini-BEL20  » grimpe, dans la même proportion, de 25 à 30 euros. Un peu à la manière de ce que ferait une sicav d’actions indicielle.

Une double différence doit cependant être notée. Primo : le parallélisme entre l’évolution de l’indice et le cours du mini est total. Secundo : dans le cas belge (mini-BEL20 et mini-DJ Euro Stoxx 50), il ne s’agit pas, techniquement, d’un fonds de placement, mais d’une option, qui est d’ailleurs  » cotée  » sur le marché des produits dérivés. Ils se négocient sans droit d’entrée ou de sortie et sans frais de gestion, mais ne sont pas livrables physiquement.

Comme le BEL20 prend appui sur un indice cours (et non sur un indice return), le mini-BEL20 donne droit, chaque trimestre, à une rémunération en liquide correspondant aux dividendes versés par les sociétés reprises dans l’indice.

L’exemple belge a été suivi par Amsterdam, Zurich, Francfort (les  » leaders « ) et Paris (les  » Masters « ). Avec cette nuance près que, dans le cas de Paris, l’initiative vient de promoteurs privés, en l’occurrence Merrill Lynch et la Société Générale.

M.Ct.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire