» les moteurs de la croissance sont intacts « 

L’Oréal a 100 ans. Que vous inspire cet anniversaire ?

>Je pense à Liliane Bettencourt : c’est l’aboutissement de son chemin d’actionnaire exemplaire. Pour elle, ce centenaire, c’est un moment de joie pure. La réalité du groupe, aujourd’hui, dépasse l’imagination de son fondateur, Eugène Schueller.

Vous avez dirigé la société durant vingt ans. Quels sont les succès dont vous êtes le plus fier ?

>L’internationalisation est sans doute une des grandes réussites de l’entreprise. Quand je suis entré dans le groupe, en 1969, la France représentait encore la grande majorité des ventes. En 2008, 90 % du chiffre d’affaires provient de l’étranger. L’énorme travail de réinvention de nos marques, l’élimination de celles dont le positionnement était trop proche, est également, je crois, à retenir.

2008 a marqué la fin de la croissance à deux chiffres. Est-ce un tournant ?

>L’Oréal est la seule entreprise au monde à laquelle on demande d’être infaillible. A force d’aligner des croissances de métronome, on a placé le niveau d’exigence très haut. L’opinion a eu du mal à admettre que notre maison puisse, elle aussi, être confrontée à la crise mondiale.

Face à ce ralentissement, une remise en question est-elle nécessaire ?

>Il ne s’agit surtout pas d’affirmer que le modèle est cassé et qu’il faut tout changer. Le danger de cette attitude serait de déstabiliser l’entreprise, en négligeant ses forces. Si la crise marque la fin d’une époque, les moteurs de la croissance du secteur restent intacts. Jean-Paul Agon a d’ailleurs réagi, comme il se doit, en lançant les réformes nécessaires tout en conservant les fondamentaux du groupe.

Que faut-il garder dans L’Oréal ?

>La croyance dans son marché. En temps de crise, il ne faut pas entreprendre de diversification. Ni arrêter d’investir dans la recherche et l’international.

Comment imaginez-vous le groupe dans cent ans ?

>Notre métier – la beauté – est éternel. Et cela fait cent mille ans que ça dure ! Si nous sommes capables de garder la passion du début, nous n’avons rien à craindreà

La fin du pacte avec Nestlé ne risque-t-elle pas de modifier la donne ?

>La seule nouveauté, c’est que les deux principaux actionnaires ont le droit de vendre, mais ni la famille ni Nestlé ne sont pressés. Il n’y a donc aucune raison de douter d’un avenir paisible et indépendant pour L’Oréal. n

Propos recueillis par C. S.

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