Les logiciels espions

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Après les cookies, le monde de la publicité s’attache les bons services des spywares pour suivre les pérégrinations des surfeurs

La large bibliothèque de sharewares et freewares, dont la diffusion était, jusqu’ici, limitée par la faible capacité de stockage des CD-ROM distribués avec les magazines informatiques, a trouvé sur le Net un espace à sa (dé)mesure. Dès lors, les utilisateurs se sont précipités sur ces logiciels économiques et souvent de qualité tels Winamp, le lecteur MP3, Netscape, le navigateur, RealPlayer, Napster, Acdsee, etc. pour ne mentionner que ceux-là. Mais l’aubaine présente depuis quelques mois, présente un revers bien peu reluisant.

Plusieurs utilisateurs ont, en effet, constaté que le firewall censé protéger leur ordinateur des attaques externes révélait une activité suspecte à l’intérieur même de leur machine: depuis le disque dur, plusieurs programmes tentaient de se connecter à certains sites Web. Après plusieurs tests, il est apparu que ces programmes, connus, depuis, sous le vocable de spywares ou logiciels espions, emploient, en arrière-plan, la connexion Internet de l’utilisateur pour recueillir et transmettre à son insu des données personnelles concernant ses intérêts et habitudes de navigation. Ainsi, l’éditeur Real a reconnu que son logiciel vedette, Real Audio, abritait un mouchard chargé d’envoyer la liste complète de tous les fichiers MP3 stockés sur le disque dur de l’utilisateur. Babylon, un utilitaire de traduction, utilisait le système Cydoor pour afficher de la publicité et analyser l’impact de celle-ci sur l’internaute. Mais, à cheval donné, on ne regarde pas les dents. Ces programmes étant « gratuits », on peut comprendre, sans toutefois l’accepter, que les éditeurs cherchent à rentabiliser leurs investissements. Quand les programmes sont payants, la pilule passe moins facilement.

Mattel en sait quelque chose. Le créateur de Barbie a cru bon de distribuer avec des CD-ROM éducatifs (uniquement aux Etats-Unis) un spyware qui, en plus d’envoyer le numéro de licence du CD-ROM, renseignait Mattel sur les habitudes des enfants. Une démarche pour mieux répondre aux besoins des clients… En attendant, devant la pression de plusieurs organisations familiales, l’éditeur a enlevé l’espion de ses CD-ROM. Cette attitude a été adoptée, depuis, par de nombreuses sociétés. Elle va dans le sens d’un amendement (l’amendement 26) à la nouvelle législation communautaire relative au traitement des données personnelles dans le secteur des communications électroniques. Le 13 novembre dernier, au grand dam de l’industrie publicitaire, le Parlement de Strasbourg a adopté, en première lecture, un texte réduisant l’usage des cookies et autres logiciels espions. Désormais, les sites devront explicitement demander l’accord du visiteur avant d’installer un cookie sur sa machine. Une goulée d’air frais pour l’internaute qui devra toutefois encore patienter, les textes n’étant efficients qu’une fois transposés dans la législation nationale.

Dès lors, le surfeur peut prendre les devants en téléchargeant, Ad-aware (833 KB), un logiciel de la société Lavasoft. Celui-ci se charge de scanner l’entièreté de l’ordinateur pour y dénicher des mouchards. En cas de présence d’un espion, l’utilisation du bouton « exclude » suffira à bouter l’intrus hors de l’ordinateur. Dans le cas où l’exclusion affecterait le comportement de la machine (certains spywares remplacent des fichiers systèmes par une copie « maison ») une touche « restore » permet de revenir à la configuration initiale.

Enfin, comme il vaut mieux prévenir que guérir, AdCop.org propose une base de données en ligne reprenant une liste des programmes espions. Une adresse à consulter avant le moindre téléchargement.

Informations: www.lavasoftusa.com et http://adcop.org/spybase

Vincent Genot

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