Les langueurs de Wim Mertens

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Le plus médiatisé des compositeurs belges actuels propose Aren lezen, cycle de 13 disques à l’écoute de ses moindres désirs

Quel est l’intérêt des 4 coffrets (13 CD au total!) de Aren lezen? Au début, on l’écoute comme on écouterait une histoire. Mais, même si la première partie, Is Five Part of Ten?, comporte une série de passages charmants, on trouve vite la démarche trop répétitive, trop hachée, trop complaisante. On poursuit donc l’audition de Aren lezen dans quelques chapitres de la vie quotidienne: en voiture, traversant des paysages enneigés, en changeant le bébé qui pleure (pas à cause de Wim!), en écrivant et même, dans un étonnant moment de confusion sonore, en captant à l’étage du dessous une jeune violoniste dont les arpèges croisent ceux du disque. Et cela fonctionne presque toujours: à condition de ne plus écouter mais bien d’ entendre. La fonction de la musique devient passive, décorative et, par moments, invisible.

Après Kere Weerom (1999), Gave van niets (1994) et Alle dinghe (1990), ce quatrième cycle de Mertens apparaît morcelé, friable, transparent: malgré les différentes configurations d’instrumentistes – cordes, sax, euphonium, harpe, percussion et, de façon parcimonieuse, le piano de Mertens -, les phrases musicales s’enchaînent sur des cousinages infinis toujours un peu jumeaux. Telle mélodie est déclinée par une autre, tel violon ou violoncelle s’essaie à 20 digressions, telle plage s’avère réminiscente d’un accordage d’avant-concert, alors que, deux titres plus loin, Mertens se montre construit, inspiré, enjoué presque. On imagine alors que celui-ci a composé un puzzle dont il ne tient pas à livrer les clés: sauf qu’une indiscrétion nous apprend que, sur les 189 (!) pièces musicales du cycle, certaines sont… superposables. Une idée intéressante de remix contemporain: à condition d’avoir au moins deux lecteurs CD, bien entendu. Et un goût prononcé pour l’élasticité du temps…

Le cycle complet coûte environ 75 euros, mais chaque coffret (deux quadruples CD, un triple, un double) est disponible séparément. Chez Pias. En concert, à l’Ancienne Belgique le 16 février. Tél.: 02-548 24 24.

Philippe Cornet

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