Les francophones, alliés de la N-VA

Ce n’est pas parce que les Flamands veulent infliger une bonne raclée à Di Rupo Ier qu’ils appellent une  » révolte démocratique  » de leurs voux.

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Bart De Wever entrevoit une  » révolte démocratique  » à l’horizon, a-t-il déclaré à l’agence AFP. Témoin les bons résultats électoraux de la N-VA. Personne ne doute du succès de la N-VA. Le 14 octobre, elle gagnera les élections haut la main. Ses adversaires vont probablement comparer les résultats locaux de la N-VA avec ses scores à l’échelle nationale enregistrés en juin 2010 (28,5 %) ou en les jaugeant à l’aune des sommets olympiens des récents sondages. Or comparaison n’est pas raison : cette approche n’est pas honnête. La N-VA prête, certes, le flanc à pareilles comparaisons puisqu’elle ne cesse d’entourer les communales d’un halo national. Mais devenir en l’espace d’une seule élection le premier parti de Flandre au niveau local est une entreprise impossible, même pour la N-VA.

Elle croîtra très sensiblement, et cela est un exploit remarquable : dans plusieurs communes, la N-VA se présente pour la première fois, en y alignant souvent des candidats inconnus ou inexpérimentés. Cette performance s’inscrit dans le cadre supra-local sur lequel la N-VA focalise toute l’attention. Au gouvernement flamand, la  » force du changement  » – le maître slogan du parti – n’en met pas plein la vue : la N-VA ne se démarque pas, ni en bien ni en mal, du CD&V et du SP.A. Elle tire sa grande force d’attraction de son combat contre le gouvernement fédéral.

La N-VA attribue le succès qu’elle récolte dans la rue du Village à la désapprobation par les Flamands de la politique menée rue de la Loi. Elle n’a pas tort. Mais proclamer qu’il s’agit là d’une  » révolte démocratique  » n’est pas sérieux. Ce n’est pas un hasard si la N-VA a mis en veilleuse son discours séparatiste en juin 2010. Les électeurs flamands n’aiment pas les équipées trop risquées. Un vote pour la N-VA contre Di Rupo Ier n’est donc pas nécessairement une voix en faveur d’une  » révolte démocratique « . La N-VA grossit manifestement la valeur symbolique de sa progression exceptionnelle. Ainsi, elle risque que ses électeurs finissent par se détourner d’elle. Di Rupo mérite certes d’être rappelé à l’ordre. Mais renverser toute la structure de l’Etat revient à pousser le bouchon trop loin aux yeux de nombre d’électeurs flamands.

Le propos de la N-VA en Flandre ne relève pas du séparatisme, mais d’un nationalisme dominé par des préoccupations financières. La Belgique fédérale ne fonctionne pas, et un gouvernement francophone, socialiste, voire marxiste, axé sur l’augmentation des impôts, nuit à la prospérité de tous les Belges. La N-VA force souvent le trait dans les seuls médias internationaux et à l’adresse de la seule Belgique francophone. Parce que ce message-là intéresse au premier chef lesdits médias et les francophones. En Wallonie, les partis font de la surenchère autour de la fin de la Belgique, en évoquant un plan B. Ainsi les Wallons deviennent-ils les alliés objectifs de la N-VA : une fois les esprits assez mûris en Wallonie, on pourra peut-être passer aux choses sérieuses. Les Wallons s’agitent plus à envisager la fin du pays que les Flamands.

Le capital électoral de la N-VA ouvre-t-il la voie au déboulonnage de notre patrie ? Oui, pour ceux qui le veulent bien. Et sûrement pour la N-VA. Il en est de même pour beaucoup de commentateurs et de politiques francophones. C’est probablement moins le cas pour tous ces électeurs flamands qui voteront dimanche. Même s’ils ont l’intention d’infliger une bonne raclée au gouvernement Di Rupo rongé par les disputes internes, ce n’est pas une révolte qu’ils appellent de leurs v£ux.

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