Les élèves du secondaire égaux face au supérieur ?

La première cause d’échec en 1re année du supérieur est… l’impréparation dans le secondaire. Face à ce constat, les élèves des filières techniques et professionnelles sont encore plus désavantagés. Mais certains surmontent cet écueil.

On pense bien souvent que les jeunes qui remplissent les auditoires des universités mais aussi des Hautes Ecoles ont suivi le cursus « normal «  : six années de secondaire dans la filière générale ou de transition. Pourtant, les étudiants qui sortent de l’enseignement qualifiant ou professionnel peuvent, eux aussi, avoir accès à l’enseignement supérieur. Se retrouvent ainsi dans un même cours du supérieur des élèves ayant suivi deux heures de maths depuis la troisième secondaire et des élèves qui ont fait  » maths fortes  » (six à sept heures pendant plusieurs années)…

Moyennant une septième année, les élèves du professionnel peuvent obtenir le CESS (certificat d’étude secondaire supérieure), soit leur passeport vers l’enseignement supérieur de type court. Mais moins de 10 % des jeunes du professionnel se risquent à poursuivre des études supérieures. Pour le Centre d’information et d’orientation,  » c’est parce qu’ils manquent de confiance en eux. Ils ont souvent accumulé les échecs dans le secondaire et veulent passer à l’action. Généralement, leur milieu socioculturel ne les pousse pas non plus à poursuivre des études  » . De plus, ces élèves ont une formation essentiellement pratique et ont accumulé un retard important dans les matières générales. Leur programme en maths et en sciences, par exemple, est bien moins avancé que celui d’élèves du général.  » Les équations algébriques que j’enseigne en 2e ou 3e dans le général, je les vois en cinquième professionnel… « , explique M. Moineau, professeur de mathématiques en 5e et 6e professionnel.

L’option Haute Ecole

Beaucoup d’élèves de l’enseignement technique se lancent dans l’aventure du supérieur, le plus souvent dans une Haute Ecole pour se spécialiser dans leur option du secondaire. C’est le cas de Quentin. Il a choisi de continuer des études au Ceria pour se spécialiser en électronique après sa sixième.  » Ce n’est pas facile quand on sort de technique d’aller à l’unif. On va plutôt en Haute Ecole. Mais c’est tout de même dur. En technique, je glandais et je réussissais quand même. Il a fallu apprendre à étudier, à prendre des notes, et travailler tous les jours, prendre le rythme en fait.  » Kevin vient du même athénée et de la même classe. Il poursuit des études d’ingénieur électronique à l’Ecam.  » En technique, il y a un manque de méthode de travail. J’ai doublé ma première. J’avais aussi trop de lacunes. En maths d’abord, mais aussi en chimie. Je n’avais jamais eu de chimie en secondaire.  » Valentin, pour sa part, a découvert la biologie en Haute Ecole.  » J’ai poursuivi mes études d’éducateur à Defré, à Uccle. J’ai eu des problèmes en bio. Mon cours de sciences en technique s’appelait éducation à la santé et il ne contenait pas vraiment de sciences…  »

Tous n’entament pas des études supérieures.  » On vient chercher des électriciens à la sortie du professionnel car il en manque, donc pourquoi continuer les études ?  » explique Kevin. De leur classe de 20 élèves en secondaire, seuls lui et Quentin ont fait des études supérieures et ont réussi…

Par Anne-Emilie Arnault (UCL)

 » On vient chercher des électriciens à la sortie du professionnel. Pourquoi continuer les études ? « 

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