Les élèves aussi ont leur coach

Des parents inquiets recourent au coaching scolaire. Un marché sur lequel se lancent aussi des sociétés privées.

Soraya Ghali

Ils ont fait florès dans le sport ; ils ont bourgeonné en entreprises ; aujourd’hui, les coachs investissent l’école. Sûrs d’avoir trouvé une nouvelle niche. Celle-ci, prospérant sur l’angoisse des parents, s’avérera prometteuse : un élève sur deux accuse un retard scolaire d’au moins un an.

Dernier-né de l’aide aux élèves, le coach scolaire ne dispense pas de cours particuliers et ne fait pas de remédiation. Non, ce qu’il  » vend « , c’est un pack sur mesure aux 12-25 ans, forcément coûteux. En quelques entretiens individuels, le coach décèle l’objectif que veut se fixer l’élève, se focalise sur ses atouts, sur ce qu’il sait faire. Il se concentre ensuite sur les stratégies à construire pour y arriver, redonner confiance à l’adolescent et le (re)motiver. A coups de techniques et d’outils ludiques typiques du coaching ou empruntés à la psychopédagogie, à la psychologie… voire à l’hypnose.

Mais le coaching scolaire n’est pas, non plus, une thérapie.  » Quand les problèmes sont trop profonds, j’oriente vers un psy « , assure Gaëtan Gabriel, coach pour Iknost, seule officine privée sur ce créneau. Coût : 320 euros la formule de 5 séances, non remboursées par la sécurité sociale. La société va d’ailleurs étendre ses consultations sur le Web dès septembre prochain, et développer le soutien scolaire en ligne.

 » L’école ne fait pas son travail « 

Echapper à l’échec scolaire : pour beaucoup de parents, l’école seule ne suffit pas. Ils sont alors prêts à mettre la main au portefeuille.  » Trop souvent, l’école se décharge quand un élève est en situation d’échec. Elle dit aux parents : « Réglez le problème. » Les parents s’adressent alors à des extérieurs qui ne sont pas formés à la remédiation, pointe Hakim Hédia, porte-parole de l’enseignement officiel. Mais soutenir et remédier, c’est la mission essentielle de l’école. « 

Thierry Biren s’est installé comme coach scolaire free-lance. A raison de 50 euros l’heure, ses clients se composent de familles aisées. Pour  » une aide efficace, comptez de 4 à 6 consultations « . Sa cible :  » Les parents qui ont un enfant pas bête mais cancre.  » Ou qui ont multiplié les cours particuliers, sans grand effet. Pour lui, le bouche-à-oreille joue bien, répondant à une nouvelle et forte demande. Car  » l’école ne fait pas son travail « , affirme-t-il. Actuellement, on compte à peine cinq coachs scolaires indépendants. Dans leur  » cabinet « , ce sont surtout des élèves mal orientés et/ou démotivés qu’ils rencontrent. Mais ils se défendent d’avoir trouvé un nouveau filon, et se positionnent comme  » des partenaires de l’école « .

Le marché en développement attire des coachs de qualité très inégale. N’importe qui peut s’autoproclamer coach : il n’existe aucun cadre légal.  » Dès que l’on touche à la détresse des familles, on risque de tomber dans l’arnaque et la manipulation « , prévient Catherine Vanham, logopède au centre Mathémo, spécialisé dans la rééducation des troubles de l’apprentissage. Il faut donc être prudent : le coach doit avoir été formé, être expérimenté, ne pas se prendre pour un psy, maîtriser à fond les filières d’orientation (une vraie science !) et être lui-même coaché.

Pour certains parents, en tout cas, le coaching est un soulagement : il permet de déléguer un sujet qui fâche, l’école et son lot de tensions et de stress. Et déjà une nouvelle tendance émerge : le coaching parental. L’idée : appliquer les principes de la communication en entreprise et la gestion d’équipe à la famille…

Soraya Ghali

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