Un parti raccord avec, entre autres, les mouvements de jeunesse. © OLIVIER MATTHYS/BELGAIMAGE

Les deux démocraties, humaniste et chrétienne

Le CDH est mal à l’aise sur certains sujets, sur lesquels il évite de faire campagne. Raison de plus pour en parler.

La critique est rouillée comme un clou sur une croix, et elle fait encore mal : continuateur honteux du Parti social-chrétien, le Centre démocrate humaniste poursuivrait en tapinois les combats éthiques perdus jadis par son géniteur mort, sur l’avortement, sur l’euthanasie, sur les droits des homosexuels ou sur la consommation de psychotropes. Il serait resté l’austère étriqué sans l’étiquette de l’éthique telle qu’imposée par l’Eglise catholique. Or, si le CDH est bien, aujourd’hui, plus conservateur que la moyenne des autres partis francophones sur ces questions, ses positions, bien plus modérées que jadis celles de son très chrétien aïeul, n’ont plus rien de trop scandaleusement rétrograde. Et elles ne sont surtout plus non plus des critères pour entrer dans un gouvernement, pour en sortir, ou pour impuissanter un roi catholique : ces combats sont de toute façon perdus, l’Eglise n’a plus aujourd’hui l’empire sur les âmes, et elle a perdu son scrupuleux relais politique conservateur en même temps que ces luttes progressistes.

L’héritage, incontestablement, est gênant. Si bien d’ailleurs que de bonne foi les démocrates humanistes se targuent de leur athéisme, voire parfois risiblement d’un bout de parcours dans l’enseignement officiel, pour éviter l’infamante accusation cléricale.  » Il fait en cela partie d’une tranche de jeunes politiciens originaires d’horizons plutôt laïques à rejoindre le parti et appelé à y jouer par la suite un rôle important « , a-t-on ainsi fait écrire sur la page Wikipedia de Maxime Prévot – issu de l’institut Saint-Berthuin, des FUNDP et de l’UCL, a-t-on, pour compenser ? , fait écrire sur le site Internet du CDH. Mais cet héritage qui semble embarrassant ne l’est que parce qu’il n’est jamais envisagé que sous un aspect, idéologique, en cours de dilapidation.

Il est pourtant bien plus lourd sur un rapport, fonctionnel, à un pilier qui s’est lui-même déchristianisé en se préoccupant toujours moins de ses psaumes et toujours plus de ses intérêts. Le CDH est en effet aujourd’hui autant qu’hier le PSC systématiquement raccord avec les mutualités chrétiennes, l’enseignement confessionnel ou les mouvements de jeunesse catholique. Il l’est avec les mutualités chrétiennes, pas parce qu’elles sont chrétiennes mais parce que ce sont des mutuelles. Il l’est avec l’UCLouvain, pas parce qu’elle est catholique mais parce qu’elle est une université non publique. Il l’est avec les scouts anciennement catholiques, pas parce qu’ils sont anciennement catholiques mais parce qu’ils sont scouts. Parce que le catholicisme politique du PSC a été l’architecte de la Belgique, de son régime consociatif et de sa liberté subsidiée, par lesquels l’Etat finance des associations sectorielles sans trop leur demander de comptes, l’humanisme démocratique du CDH ne pouvait qu’en être le continuateur. La démocratie humaniste, c’est une démocratie chrétienne sans Dieu ni prêtre.

Et sans plus trop de fidèles non plus.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire