Les Samaritains font chaque année trois pèlerinages sur le sommet du mont Gerizim. Seuls les hommes sont autorisés à participer au cortège et à prier le long du parcours qui démarre avant le lever du jour à la synagogue. © Gaël Turine

Les derniers Samaritains

Ils sont moins d’un millier et forment l’une des plus petites communautés ethniques et religieuses au monde. Installés en Cisjordanie, ces descendants des tribus d’Israël, ni juifs ni arabes, luttent contre leur extinction.

Les Samaritains, qui se considèrent comme les gardiens des traditions de Moïse, vivent en Cisjordanie sur le mont Gerizim, lieu sacré absolu. Situé en périphérie de la ville palestinienne de Naplouse et à quelques centaines de mètres de la colonie israélienne de Har Bracha, leur village de Kiryat Luza et ses 821 âmes sont pris en étau dans le conflit opposant les deux Etats depuis septante ans. Les Samaritains ont la double nationalité et ne sont ni juifs ni musulmans. Une situation exceptionnelle, utile pour entretenir de bonnes relations de part et d’autre de la frontière, mais qui peut aussi être un fardeau: leur accent, leur religion et leurs improbables patronymes – un prénom arabe, un nom de famille juif – engendrent la suspicion.

Le lendemain du pèlerinage de Soukkot, les femmes et les enfants attendent que les hommes achèvent les dernières prières célébrant la fin de la fête religieuse. Un repas familial sera ensuite organisé.
Le lendemain du pèlerinage de Soukkot, les femmes et les enfants attendent que les hommes achèvent les dernières prières célébrant la fin de la fête religieuse. Un repas familial sera ensuite organisé.

Au cours des premiers siècles de notre ère, les Samaritains étaient des centaines de milliers, peut-être un million. Les guerres, les maladies et les conversions forcées au christianisme ou à l’islam ont entraîné leur déclin constant, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que 150 au début du XXe siècle. Leurs préceptes empêchant à la fois la conversion au samaritanisme et le mariage en dehors de la communauté, la consanguinité s’est avérée désastreuse et a entraîné la naissance de nombreux enfants handicapés.

En 2003, le grand prêtre, autorité suprême, a fini par accepter la première union avec une jeune Ukrainienne, via une agence matrimoniale. Depuis, une quinzaine de ses compatriotes ont suivi le même chemin. L’isolement et l’immense fossé culturel ont d’abord été un choc pour ces femmes. Mais elles ont appris l’arabe, la langue de la communauté et adopté ses traditions religieuses strictes. Aujourd’hui, les couples sont par ailleurs autorisés à se soumettre à des tests génétiques et les malformations congénitales ont fortement chuté. Mais malgré l’arrivée de ces converties et la naissance de nombreux enfants en bonne santé, les Samaritains continuent à devoir lutter pour la survie de leur communauté. Jusqu’à sacrifier les aspirations personnelles qui pourraient les en éloigner.

Le rouleau d'Abisha est un manuscrit écrit entre le XIIe et le XIVe siècle. Cette version samaritaine des cinq premiers livres de l'Ancien Testament n'est sortie du coffre-fort de la synagogue qu'en de rares occasions.
Le rouleau d’Abisha est un manuscrit écrit entre le XIIe et le XIVe siècle. Cette version samaritaine des cinq premiers livres de l’Ancien Testament n’est sortie du coffre-fort de la synagogue qu’en de rares occasions.
Saloom et Ibraheem, les beaux-frères de Shura, sont tous deux porteurs de lourds handicaps, la consanguinité ayant provoqué de nombreuses maladies génétiques parmi les Samaritains. Le mari de Shura, Yair, est le seul à avoir fondé une famille. Ses enfants, en bonne santé, ainsi que les autres nés de mariages avec des étrangères converties, sont l'avenir de la communauté.
Saloom et Ibraheem, les beaux-frères de Shura, sont tous deux porteurs de lourds handicaps, la consanguinité ayant provoqué de nombreuses maladies génétiques parmi les Samaritains. Le mari de Shura, Yair, est le seul à avoir fondé une famille. Ses enfants, en bonne santé, ainsi que les autres nés de mariages avec des étrangères converties, sont l’avenir de la communauté.
Pendant Soukkot, le grand prêtre accueille de nombreux visiteurs, y compris des Palestiniens, des Israéliens et des représentants la colonie juive voisine. Tous admirent sa Souccah, un plateau de fruits colorés suspendu au plafond. On en retrouve une dans chaque maison.
Pendant Soukkot, le grand prêtre accueille de nombreux visiteurs, y compris des Palestiniens, des Israéliens et des représentants la colonie juive voisine. Tous admirent sa Souccah, un plateau de fruits colorés suspendu au plafond. On en retrouve une dans chaque maison.
Tsahal, l'armée israélienne, contrôle le mont Gerizim, pourtant situé en Cisjordanie.
Tsahal, l’armée israélienne, contrôle le mont Gerizim, pourtant situé en Cisjordanie.
Alexandra Krasjuke est la première Ukrainienne à s'être mariée avec un Samaritain, à l'âge de 19 ans. Depuis, elle porte le prénom arabe Shura tandis que son nom de famille, Cohen, est juif. Une tradition chez les Samaritains. Originaire d'une famille rurale et pauvre, elle vit désormais dans une maison confortable mais aussi dans un certain isolement.
Alexandra Krasjuke est la première Ukrainienne à s’être mariée avec un Samaritain, à l’âge de 19 ans. Depuis, elle porte le prénom arabe Shura tandis que son nom de famille, Cohen, est juif. Une tradition chez les Samaritains. Originaire d’une famille rurale et pauvre, elle vit désormais dans une maison confortable mais aussi dans un certain isolement.
L'école primaire est gérée et financée par l'Autorité palestinienne et la communauté des Samaritains. On y enseigne en langue arabe.
L’école primaire est gérée et financée par l’Autorité palestinienne et la communauté des Samaritains. On y enseigne en langue arabe.

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