Pour Thomas Ziegler, le bateau de croisière est un mall qui refuse de se l'avouer. © Alexander Demianchuk/getty images

Les croisières vues par ceux d’en bas

Prêtre catholique, Thomas Ziegler a été aumônier sur des bateaux de croisière pendant une dizaine d’années. Son récit intitulé Les Bateaux de l’éphémère, Un curé à bord, écrit avec Charles Wright (Salvator, 192 p.) témoigne des deux mondes qui cohabitent dans  » cette réplique en réduction du modèle insulaire « , celui d’en haut constitué des clients et du staff dirigeant et  » ce personnel de l’ombre qui campe dans les échelons les plus bas, constitue le gros des troupes, et ne reçoit guère de reconnaissance « . C’est à ces Philippin(e)s, Malgaches, Mauricien(ne)s, Haïtien(ne)s, Indien(ne)s ou Pakistanais(es) que Thomas Ziegler, en disciple de Charles de Foucauld, a consacré la plupart de son temps de service. Et pour cause,  » l’éloignement des siens, le confinement, […] la routine qui altère la conscience du temps, tout cela finit par susciter (auprès de ces « sédentaires qui vivent dans un logis mobile » leurs six ou huit mois de contrat) un véritable dégoût de la vie à bord, à la source d’un découragement qui peut conduire au désespoir « . Entre touristes et sans-grades, la croisière est  » un précipité du nouvel ordre du capitalisme, avec son art consommé des inégalités  » et  » son imaginaire mondialisé, exculturé et déterritorialisé « , constate l’auteur. Plaidant pour une généralisation de la présence d’un aumônier à bord, Thomas Ziegler garde une certaine nostalgie de cette expérience humaine. Pas sûr cependant que son livre donne follement envie de séjourner sur  » ces navires devenus des armes de divertissement massif…  »

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