Les chemins de l’expansion

Charleroi se donne de l’air(e) pour poursuivre sa reconversion. Une centaine d’hectares de zones d’activité économique sont en cours d’aménagement ou en projet.

Dans la zone de développement économique de Charleroi-Sud Hainaut (intercommunale Igretec), offrir des terrains équipés aux entreprises s’impose comme une nécessité vu l’état de saturation des 18 zonings d’une superficie de près de 800 hectares.  » Ils affichent tous complets « , confirme la responsable du développement territorial d’Igretec, Nathalie Czerniatynski.  » La dernière grande parcelle que nous avons vendue l’a été à Johnson&Johnson voici plus de six ans. Depuis lors, nous devons décliner.  » Pour soulager cette pénurie de terrains industriels, deux projets s’achèvent : ils concernent, d’une part, l’extension du zoning de Jumet sur une trentaine d’hectares entre le parc de la Serna et l’autoroute A54, et, d’autre part l’aménagement d’un parc de la même superficie sur le site de l’ancien CHU de Jumet.  » Les travaux se terminent. La commercialisation des terrains débutera en septembre, mais nous avons déjà énormément de demandes d’entrepreneurs locaux. « 

Cette réserve foncière sera vite épuisée dans la mesure où, les bonnes années, Igretec peut vendre jusqu’à une trentaine d’hectares. Mais d’autres projets vont se concrétiser derrière, ce qui n’est plus arrivé depuis dix ans. Le mieux avancé d’entre eux c’est celui de l’écopôle aux confins de Farciennes, Aiseau-Presles et Sambreville. Il s’agit d’aménager un parc de 150 hectares axé sur le développement durable.  » Non des activités à caractère environnemental comme la construction d’éoliennes mais des entreprises intégrant les principes de la croissance durable. Exemples : un bâtiment « basse énergie » ou un processus industriel limitant la production de déchets, un programme de transport alternatif des travailleurs. Il est aussi question de créer une voie de désenclavement de la zone portuaire et industrielle de l’est de Charleroi, reliant la pla-te-forme multimodale à la route de la Basse Sambre.  » Le tout représente un investissement de plus de 40 millions d’euros avec une intervention des fonds structurels européens « , rappelle le député-bourgmestre de Farciennes Hugues Bayet (PS). Sur le plan de la procédure, la présence de contraintes naturelles (rivière, chemin de fer, sols mixtes) n’a pas facilité les choses à l’intercommunale :  » Une équipe de 10 personnes y a travaillé d’arrache-pied pendant un an et demi. L’ensemble des permis a été délivré et le chantier d’aménagement vient de débuter pour une durée de deux ans « , explique Nathalie Czerniatynski. Les premières entreprises devraient s’installer sur place dès le début 2015.

Pour étoffer son offre, Igretec a soumis deux projets à des études de faisabilité : le premier concerne l’extension du zoning logistique sur les territoires de Courcelles et Pont-à-Celles, en bordure de l’autoroute de Wallonie.  » Un comité d’accompagnement a été mis en place, nous regardons ce qu’il est possible de faire et comment l’organiser. La procédure est longue : nécessitant une révision du plan de secteur, elle impose un délai de cinq à six ans minimum. Le dossier sera bientôt introduit. Le second projet, c’est celui de la reconversion des anciennes aciéries et minières de la Sambre (AMS), un terrain qui s’articule sur deux parcelles d’un total de 50 hectares à Marchienne. Longtemps, la zone nord a été pressentie pour accueillir la porte des Sports de Charleroi, une infrastructure sportive intégrant un nouveau stade de foot. Le coût élevé de dépollution des sols et le manque de financement privé ont plombé le dossier. Au sud, l’aménagement d’un parc généraliste de 40 hectares est à l’examen. La Spaque a marqué son accord à l’assainissement du site, les feux clignotent au vert et l’on n’attend plus qu’un ordre de départ pour lancer le projet.

En milieu urbain, trois micro-zones d’activité sont en cours d’aménagement. Il y a d’abord la réhabilitation de l’ancienne fonderie Giot à Marchienne près de l’ex-fabrique de fer. L’intention est d’y développer un parc de 6 hectares comprenant un bâtiment relais avec des modules d’accueil de PME et de petits ateliers. Un second projet concerne Fontaine-l’Evêque où, le long de la route de Mons, à proximité des installations du garage Goyens, il est question d’équiper 7 hectares pour y installer des entreprises. Enfin, à l’entrée de Gosselies, l’intercommunale Igretec prépare une mini-extension de son airport parc du CHU de Jumet, sur 4 hectares repris dans le périmètre de nuisances sonores de BSCA. Au pied du terril du Martinet, à Roux, où la ville envisage la construction d’un éco-quartier, l’aménagement d’un espace entreprise vient de faire l’objet d’une demande d’examen.

Dans le Sud Hainaut, Nathalie Czerniatynski n’oublie pas de pointer les projets d’extension des zonings de Thuin Lobbes (8 hectares) et de Chimay Baileux où 38 hectares seront disponibles en 2014.  » Nous y finalisons l’acquisition de terrains. « 

En ville, Igretec modernise deux de ses bâtiments : son siège du boulevard Mayence fait l’objet d’une rénovation lourde et d’un agrandissement. Il s’agit d’y centraliser les équipes sur une surface doublée et d’y aménager un centre d’entreprises avec 2 500 mètres carrés de bureaux.  » Dans la mesure où l’immeuble est visible depuis le ring, un effort va être fait sur le traitement de l’enveloppe extérieure.  » Durée des travaux : trois ans. Sur le site de l’ancienne caserne Trésignies, l’intercommunale qui a racheté le bâtiment du centre d’entreprise Héraclès va le rénover en profondeur.

DIDIER ALBIN

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