Nice, le 24 mars. Un baiser masqué, pour profaner le malheur. © BELGAIMAGE

Les amants de virus

On dira ce que l’on veut des applaudissements qui ont fleuri le soir, au premier confinement. L’initiative était partie d’Italie, qui avait dégusté, côté occidental, avant les autres. Ailleurs, comme en Belgique, dans les quartiers où les maisons et les immeubles se font face, on a vite embrayé. C’était officiellement pour soutenir et remercier le personnel soignant, alors que la première vague frappait dur. C’était sans doute aussi pour garder un lien avec « les autres », pour partager le choc de l’émotion, et l’atténuer, pour mieux résister, pour empêcher que vraiment tout s’arrête de battre devant l’offensive du virus. Les photos de ces manifestations de solidarité entre communautés d’êtres humains ont fait le tour de la planète.

Début décembre, le service culturel de la BBC en a épinglé une, dans son classement des photos les plus marquantes de l’année. Au milieu de scènes de manifestations, de statues déboulonnées, d’animaux sauvages, de fureurs de la nature et de désolations, il y a celle d’un couple, à Nice, en mars, alors que ça applaudit sur les balcons tout autour. Ils portent un masque, un masque à gaz, mais ils s’embrassent. Apparaissant, considère la BBC, comme les automates du tableau Hector et Andromaque, de Giorgio de Chirico (1917). Ou les personnages des Amants, de René Magritte (1928). Résolument vivants, dans tous les cas. La preuve que rien n’est jamais complètement perdu.

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