Lennon l’insolent

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

A l’occasion du septantième anniversaire du Beatles le plus corrosif, parution d’un copieux coffret de ses ouvres solos.

Mother, you had me but I never had you/I wanted you but you didn’t want me/So I got to tell you/Goodbye goodbye/Father, you left me but I never left you/I needed you but you didn’t need me.  » C’est par ces lignes gueulant sa révolte face à l’abandon parental du fils que s’ouvre John Lennon/Plastic Ono Band (décembre 1970). Après trois disques expérimentaux et un live menés avec Yoko Ono en 1968-1969 – mais absents de cette rétrospective – , c’est le premier album pop lennonien : hormis le cinglant Mother précité, Lennon livre deux autres titres majeurs, Working Class Hero, lié à ses racines titis de Liverpool et un God grandiose où l’ex-Beatle ne proclame plus qu’une seule croyance : en lui et Yoko…

Le disque est un succès mais moins spectaculaire que son successeur Imagine (septembre 1971) cartonnant via la plage titulaire et l’essentiel Jealous Guy, sans oublier le jus de vinaigre adressé à son désormais frère ennemi, McCartney ( How Do You Sleep ?). Some Time in New York City (juin 1972) présente le couple Lennon/Ono à son zénith politisé, ce qui donne Woman Is the Nigger of the World mais aussi trop de moments évoquant plus des jams que des chansons achevées. En bonus néanmoins, six titres live très électriques.

Ballades magnétiques

La parution suivante, Mind Games (novembre 1973), remonte sa cote commerciale et (re)met en avant le talent de John pour le chant réverbéré et les ballades magnétiques. Il témoigne aussi de l’influence durable de Yoko, même si le couple est séparé dans cette période des dix-huit mois de  » week-ends perdus  » de Lennon, faisant la bamboula pendant un temps à L.A.

Il est encore dans cet esprit fêtard quand sort Walls and Bridges (octobre 1974), disque sous influence funky ( Whatever Gets You Thru the Night, What You Got) et qui débusque les tubes (#9 Dream). Avec toujours cette cruauté textuelle qui affleure les chansons, comme dans le cinglant Nobody’s Loves You ( When You’re Down and Out).

Bien qu’il ait été enregistré pour succéder à Mind Games, l’album Rock’n’Roll ne sort qu’en février 1975 : à nouveau produit par Phil Spector, le disque renoue pleinement avec les amours de jeunesse de Lennon, photographié en pochette dans sa période blouson noir hambourgeoise. Bourré d’écho et d’amphétamines fifties, le trip rétro se laisse écouter, d’autant qu’il s’agit du dernier disque avant cinq ans, période semi-recluse passée à élever Sean, né en 1975. Il en sortira un clinquant retour, tout au moins sur le plan commercial, Double Fantasy (novembre 1980), album de papouillages amoureux et d’une paire -seulement – de grandes chansons ( Woman). Trois semaines après cette parution, un certain Mark Chapman accélérait la légende lennonienne.

A cette série de sept disques, le coffret ajoute le Milk and Honey posthume (janvier 1984) qui contient le hit mondial, Nobody Told Me et le très beau Grow Old With Me en version piano/voix. Si le box omet les travaux expérimentaux de Lennon/Ono, il offre un double CD reprenant six de ses imparables singles (dont Power to the People) et, plus rare, treize démos dont les remarquables God et Isolation. Une somme de musique expliquant pourquoi, trente ans après sa mort, l’influence de Lennon reste majeure. l

Box Lennon, chez EMI.

PHILIPPE CORNET

trente ans après sa mort, l’influence de lennon reste majeure

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