Le Watducks au sommet de la branchitude

Xavier Attout

Mille membres, 650 jeunes : les Vert et Blanc croulent sous les demandes. Le hockey est à la mode à Waterloo et dans les communes voisines, et pas seulement sur le plan sportif. Tout le monde veut en être.

Dimanche après-midi, domaine d’Argenteuil. Petit événement sur le terrain du Watducks où les Waterlootois sont surpris par le Dragons (Brasschaat) et subissent leur deuxième défaite de la saison. La première place du championnat est toutefois assurée depuis longtemps, direction les play-offs. La population BCBG qui remplit les gradins ne perd pas le sourire. Depuis près de dix ans, les Vert et Blanc, champions de Belgique en titre, ont connu davantage de succès que d’échecs.

Equipe du top belge, plus importante école de jeunes du Brabant wallon (tous sports confondus), les Ducks surfent sur la vague du succès. Le Wadu est à la mode. Dans tous les sens du terme. Il suffit de se balader un mercredi après-midi dans les travées de la drève d’Argenteuil pour apprécier l’ampleur du phénomène. Des centaines de petites têtes blondes, stick à la main et polo du club sur le dos, gambadent sur les deux terrains situés à un jet de pierre du lycée du Berlaymont. Les balles fusent, les dribles s’enchaînent. Seuls les cris lancés par quelques entraîneurs rappellent à l’ordre les plus dissipés.

Au bord des terrains, des mères taillent une bavette, surveillant le rejeton du coin de l’oeil. Depuis quelques années, c’est devenu  » the place to be  » à Waterloo. L’endroit où il est bon d’inscrire le fiston.  » Je suis convaincu que certains parents inscrivent leur enfant chez nous de manière à ce qu’il puisse rencontrer des enfants issus du même milieu huppé, admet Thibault De Saedeleer, 29 ans, jeune retraité des terrains et responsable de l’école des jeunes. Et leurs parents de même. C’est de bonne guerre. Mais nous repérons très vite ceux qui sont motivés et les autres. C’est une situation qui concerne surtout les plus jeunes.  »

 » Je pense que 15 % des gens inscrivent leur enfant parce que cela fait bien d’être au Watducks, estime Cédric Ullens, père de trois joueurs. Ils peuvent en parler dans les belles soirées waterlootoises. Mais c’est loin d’être l’opinion majoritaire.  » Paul, dont les deux fils jouent au hockey depuis sept ans, renchérit :  » La qualité de l’école des jeunes est un élément plus décisif. Pour le reste, il est clair que de nombreux jeunes fréquentent les écoles des environs et qu’il peut y avoir un effet d’entraînement.  »

Inévitable dans la région, jouer au Wadu, c’est avoir l’assurance d’être bien entouré. Il suffit de jeter un oeil vers le parking où les Mini, cabriolets et autres grosses cylindrées défilent. Le niveau social est élevé, le portefeuille bien rempli. Un vrai club dans le club. Ce qui est loin de nuire à l’ambiance. Les soirées (dansantes, divertissantes ou autres) se multiplient et affichent souvent complet.

Ecole de jeunes de référence

Qu’est-ce qui pousse la majorité des jeunes à enfiler le polo vert ?  » Ce n’est pas comme au foot « , entend-on régulièrement au bord des terrains. Les raisons sont multiples. Il y a l’aspect général tout d’abord : le hockey est le sport en vogue, qui bénéficie d’une belle exposition médiatique depuis les beaux parcours olympiques (2008 et 2012) des Belges. Il transpose aussi certaines valeurs comme le fair-play, la convivialité et contribue à donner une certaine éducation. Des valeurs auxquelles on est sensible dans les régions aisées telles que Waterloo, Lasne et Rixensart, d’où proviennent 85 % des jeunes.  » Le hockey a été un sport élitiste à ses débuts, mais ce n’est plus le cas, explique Xavier Caytan, le président du Watducks. C’est un sport où les gens se font encore confiance. Il porte certaines valeurs. C’est une vraie école de respect.  »

Des raisons propres au Watducks expliquent aussi son développement impressionnant. Le club waterlootois compte aujourd’hui plus de 1 000 membres, dont 650 jeunes. Alors qu’il n’a été fondé qu’en 1988, suite à la fusion entre le Waterloo HC, qui disposait d’un patrimoine immobilier et du Ducks HC d’Ohain, qui possédait de son côté des joueurs de talent. Une ascension fulgurante. Depuis son accession en Division d’Honneur en 2001, l’équipe première flirte avec les sommets : huit participations aux play-offs, trois titres (2003, 2009, 2012) et quatre participations à l’Europa League (EHL). Tout cela grâce à la génération dorée des Luycx, Dohmen, De Saedeleer, Van Hove, etc.

Une génération qu’il faut tout doucement remplacer.  » L’objectif est de sortir chaque année un jeune pour l’équipe première, lance Thibault De Saedeleer. On y est arrivé ces dernières années avec MaximeCapelleetQuentin Van Lierde. L’école des jeunes tourne à plein régime dans ce but. Revers de la médaille, nous devons refuser du monde. L’an dernier, une centaine d’enfants sont restés sur le carreau.  »

Xavier Caytan ajoute :  » Vu nos difficultés en termes d’infrastructures, nous mettons l’accent sur la qualité des entraînements en favorisant le hockey d’élite.  » Et quand on sait que la majorité des joueurs du Watducks trustent les places en équipe nationale, on peut se dire que celui qui perce en équipe première a un bel avenir devant lui.

Un sponsoring à travailler

Du côté des infrastructures, le club est effectivement victime de son succès. Ses membres sont à l’étroit.  » Nous sommes en souscapacité « , reconnaît Xavier Caytan. La construction d’un troisième terrain, vitale pour le développement du Watducks, est évoquée depuis de nombreuses années mais aucune solution ne se dégage.  » Il est vrai que nous sommes quelque peu coincés, opine l’échevin des Sports Michel Bettendorf (MR). Je souhaitais aménager un terrain supplémentaire dans la lignée des deux autres. Mais ce site semble être réservé à la construction d’un parking pour la Chapelle Reine Elisabeth voisine dans le cadre de son extension. Reste éventuellement l’ancien terrain du polo…  » Ajoutons que le terrain sablé changera de revêtement dans les prochaines semaines pour devenir un terrain mouillé.

Sur le plan des finances, le club est très loin d’utiliser toutes les ressources possibles pour disposer d’un capital confortable. Les sponsors ne se pressent pas au portillon, même si deux importants partenariats ont été signés avec Petercam et Voo. Le sponsoring représente 25 % d’un budget de 400 000 euros. Un chiffre qui peut prêter à sourire quand on sait que le club évolue dans un environnement riche en entreprises.  » Nous tentons de développer le merchandising, alors que la gestion du club-house a évolué, fait remarquer le président. Mais il est en tout cas nécessaire de trouver d’autres sources de revenus pour continuer à progresser.  »

XAVIER ATTOUT

Un club victime de son succès, aussi

 » Un jeune par an pour l’équipe première « 

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