Le sens de la psychologie

Liesbeth Van Impe

IL FAUT ÊTRE FOU POUR POSER CONTINUELLEMENT LES MÊMES ACTES en espérant qu’ils déboucheront sur de nouveaux résultats. Ainsi, l’attitude des principaux politiciens francophones confine à la folie. Si compréhensibles que soient certaines de leurs frustrations, si justifiées que soient certaines de leurs exaspérations, la stratégie qu’adoptent en bloc leurs partis est désastreuse à moyen terme. En croyant, à l’unisson, qu’un gouvernement sans la participation de la N-VA est envisageable, les caciques se perdent dans des stratégies fort périlleuses. Philippe Moureaux (PS) les résumait parfaitement en appelant les francophones à se terrer dans les tranchées.

Les négociations prégouvernementales portent sur des matières techniques compliquées, des équilibres délicats, des concessions subtiles. Mais le sens de la psychologie y intervient aussi pour beaucoup. Et c’est sur ce terrain-là que les francophones sont en train de perdre la bataille de Belgique. Ils n’arrivent pas à saisir comment leur attitude est perçue dans l’opinion publique flamande et comment ils facilitent le travail des tenants d’une scission très radicale du pays.

Comment les Flamands entendent-ils le  » Nous ne sommes demandeurs de rien  » des politiciens francophones ? Imaginons une maison en désordre. Un des partenaires demande à l’autre son aide pour la ranger. Mais celui-ci refuse de la lui apporter, puisque vivre dans le désordre ne lui pose aucun problème. Nombre de Flamands se reconnaissent dans le rôle de celui qui doit inciter sans cesse son partenaire au changement et à l’action. Tout en s’estimant être le soutien de famille qui est en droit de faire entendre sa voix pour que ça bouge.

Certes, la réalité est plus complexe, mais une grande partie de l’opinion publique flamande la vit comme telle. La politique nordiste en devient un jeu auquel Bart De Wever (N-VA) ne peut perdre. Tout observateur des faits et gestes des ténors francophones est tenté de croire que leur objectif est de donner la majorité absolue à la N-VA.

On ne compte plus le nombre d’occasions manquées. Les négociations avortées sur BHV en 2005 et 2009, les formations désastreuses de 2007 et 2010. Les francophones n’en portent certainement pas seuls la responsabilité. Mais ils devraient tout doucement mesurer les conséquences d’un nouvel échec : une radicalisation croissante, une volonté de séparation toujours plus ferme. On s’attendrait à ce qu’ils entreprennent quelque chose. Malheureusement, pour le moment, ils sont encore aux abonnés absents.

TOUTES LES CHRONIQUES VU DE FLANDRE SUR WWW.LEVIF.BE

Liesbeth Van Impe

Tout porte à croire que l’objectif des ténors francophones est de donner la majorité absolue à la N-VA

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire