Au nord d'Ulva, l'île d'Eigg, aussi rachetée par ses habitants, abritait 60 personnes en 1987. En vingt et un an, elle a presque doublé sa population. Totalement indépendante en énergie renouvelable, elle compte désormais sur de nombreuses activités économiques, dont le tourisme. Un modèle à suivre pour les nouveaux propriétaires de l'île d'Ulva. © Antonin Weber/hans lucas

Le rêve des îles libres

Au milieu d’une nature saisissante, sur l’île d’Ulva, en Ecosse, se joue l’avenir de ses cinq occupants qui en sont devenus officiellement propriétaires, grâce à une loi écossaise de 2016 accordant un droit de préemption aux communautés locales pour le rachat des terres.

La pluie et le soleil se partagent le ciel alors qu’en face de nous, un petit ferry s’élance pour franchir les quelques centaines de mètres qui séparent l’île de Mull de sa petite soeur Ulva, au large des côtes ouest écossaises. Le voyageur a du mérite, il lui aura fallu un train au départ de Glasgow, un ferry de la ville de Oban jusqu’à Mull, un bus et, enfin, ce petit bateau qui s’approche pour arriver à destination.

Sur l’île, Roury, Rebecca et leurs deux enfants, accompagnés de Barry, viennent de remporter un combat. Ils ont décidé de racheter l’île sur laquelle ils vivent et ont grandi. En Ecosse, aussi incroyable que cela puisse paraître, 500 propriétaires détiennent la totalité des terres. Les  » Lairds « , en écossais, gèrent les hectares de terre comme on le ferait d’appartements privés.

Se reposant sur une loi du gouvernement écossais datant de 2016, ils sont les premiers à en bénéficier. La loi prévoit de donner la priorité aux habitants sur le rachat des terres en cas de revente par le  » Lord « . Un rachat qui prend l’allure d’une revanche historique quand on sait qu’au xviiie siècle, les Lords préférèrent remplacer les familles de paysans par des moutons, jugés plus rentables. S’ensuivit un exode sans précédent vers les Etats-Unis et le Canada. Des villages entiers se sont vidés de leurs habitants, pour laisser place à de grands troupeaux.

Aujourd’hui les défis de l’île sont nombreux : repopulation, ouverture au tourisme, construction ou restauration des infrastructures… les nouveaux propriétaires espèrent offrir un avenir meilleur à leurs enfants et bâtir une communauté libre et saine. Un défi de taille, un rêve de liberté.

Des touristes sont raccompagnés vers le petit bateau qui les ramènera vers l'île de Mull. Chaque soir, le dernier ferry, qui y démarre à 18 heures, marque la fin de la journée pour les habitants d'Ulva. La petite île est alors coupée du monde.
Des touristes sont raccompagnés vers le petit bateau qui les ramènera vers l’île de Mull. Chaque soir, le dernier ferry, qui y démarre à 18 heures, marque la fin de la journée pour les habitants d’Ulva. La petite île est alors coupée du monde.© Antonin Weber/hans lucas
La famille de Roury et Rebecca devant la Boat House, petit restaurant qui accueille les touristes débarquant  de l'île de Mull.
La famille de Roury et Rebecca devant la Boat House, petit restaurant qui accueille les touristes débarquant de l’île de Mull.© Antonin Weber/hans lucas
Les journées sont longues à Ulva. Roury se lève vers six heures  du matin pour préparer le restaurant, pendant que Rebecca  et les enfants se préparent pour l'école située sur l'île de Mull.
Les journées sont longues à Ulva. Roury se lève vers six heures du matin pour préparer le restaurant, pendant que Rebecca et les enfants se préparent pour l’école située sur l’île de Mull.© Antonin Weber/hans lucas
Les vestiges de l'ancien village racontent qu'il vivait ici plus  de 600 personnes, principalement de la pêche et du travail  de la terre, jusqu'à ce que les Lords décident de remplacer  les habitants par des élevages de moutons, jugés plus rentables.
Les vestiges de l’ancien village racontent qu’il vivait ici plus de 600 personnes, principalement de la pêche et du travail de la terre, jusqu’à ce que les Lords décident de remplacer les habitants par des élevages de moutons, jugés plus rentables.© Antonin Weber/hans lucas
Barry, l'un des nouveaux propriétaires est né à Newcastle.  Il est arrivé à Ulva il y a une trentaine d'années.
Barry, l’un des nouveaux propriétaires est né à Newcastle. Il est arrivé à Ulva il y a une trentaine d’années.  » Je suis venu pour trouver du boulot. J’ai travaillé pendant vingt ans dans un élevage de saumons. Désormais, je suis retraité et je cultive mon jardin, tout en m’occupant du community bus.© Antonin Weber/hans lucas
Il n'est pas donné à tout le monde de vivre sur une île.  Le climat y est rude en hiver. Barry est conscient qu'il faut y bâtir une communauté :
Il n’est pas donné à tout le monde de vivre sur une île. Le climat y est rude en hiver. Barry est conscient qu’il faut y bâtir une communauté :  » Il faudra trouver un équilibre. « © Antonin Weber/hans lucas
Le tourisme est un aspect essentiel du développement de l'île  et du dossier du rachat de Ulva. Un tourisme que ses nouveaux gestionnaires veulent éthique et écologique. Mais il n'en sera pas la seule composante :
Le tourisme est un aspect essentiel du développement de l’île et du dossier du rachat de Ulva. Un tourisme que ses nouveaux gestionnaires veulent éthique et écologique. Mais il n’en sera pas la seule composante :  » Ce serait facile et rentable de louer aux touristes, deux mois par an, des maisons à 800 livres la semaine. Mais ce que nous voulons, c’est repeupler cette île avec un projet. « © Antonin Weber/hans lucas
Jamie Howard, ex-propriétaire de l'île, acquise en 1948 par  sa grand-mère, ne croit pas au projet communautaire entrepris  par ses habitants. Désormais, il veut se séparer de ses attaches.
Jamie Howard, ex-propriétaire de l’île, acquise en 1948 par sa grand-mère, ne croit pas au projet communautaire entrepris par ses habitants. Désormais, il veut se séparer de ses attaches.© Antonin Weber/hans lucas
Roury et Barry se tiennent devant l'hôtel Ulva. De nombreuses infrastructures sont déjà présentes sur l'île. Son potentiel  est un argument en faveur de son repeuplement.
Roury et Barry se tiennent devant l’hôtel Ulva. De nombreuses infrastructures sont déjà présentes sur l’île. Son potentiel est un argument en faveur de son repeuplement.© Antonin Weber/hans lucas
Quelques centaines de mètres seulement séparent la petite île d'Ulva de sa grande soeur, l'île de Mull, passage obligé pour  les touristes et visiteurs.
Quelques centaines de mètres seulement séparent la petite île d’Ulva de sa grande soeur, l’île de Mull, passage obligé pour les touristes et visiteurs.© Antonin Weber/hans lucas

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