Le PTB, migraine des bourgmestres

Octobre 2012, une révolution : des élus marxistes déboulent à Charleroi, Liège, Mons… Depuis, le PTB utilise son ancrage local comme point d’appui pour pilonner les partis traditionnels.

Ils ne se sont pas concertés, mais ils font chorus au moment d’exprimer leur exaspération. Pour tout dire, ils en ont marre. Marre des méthodes du PTB. Bourgmestres de grandes villes wallonnes ou d’importantes communes bruxelloises, ils ont vu surgir dans leur jardin des élus du parti marxiste après les élections d’octobre 2012. Une contrainte qu’ils ont apprivoisée, mais qui a le don de les énerver.  » Depuis que le PTB est présent au conseil communal, on a régulièrement dans la salle un groupe qui applaudit, qui fait du bruit, déplore Bernard Clerfayt (FDF). Les militants viennent en nombre pour faire pression sur les autres élus. Ce n’est pas une forme de démocratie sereine.  » Le bourgmestre de Schaerbeek reproche également au PTB de détourner le droit d’interpellation citoyenne, qui permet à vingt habitants au minimum de présenter une demande au conseil communal.  » Trouver vingt types, c’est facile… Le PTB fait croire que ce sont de braves citoyens, mais ceux-ci sont instrumentalisés à des fins politiques.  »

Irritée aussi, la bourgmestre MR de Molenbeek, Françoise Schepmans. Le PTB  » inonde  » de questions l’administration communale et se montre  » intrusif « , déplore-t-elle. Ainsi, lorsque le logement social est mis en débat, le PTB bat le rappel et convainc des locataires d’assister au conseil communal.  » C’est très curieux, quand les gens sont là, les bourgmestres ne sont pas à leur aise, commente Benjamin Pestieau, président du PTB bruxellois. Les conseils communaux sont en théorie publics, mais quel sens cela a-t-il si personne n’y assiste ? On essaie de transformer un droit formel en un droit réel, en encourageant les citoyens à venir, à marquer leur contentement et leur mécontentement.  »

Une constante : la propension des élus communistes à inscrire à l’ordre du jour des points qui débordent du cadre local, comme les sans- papiers afghans ou la réforme du chômage.  » Je refuse de m’engager dans de tels débats qui relèvent de l’autorité régionale ou fédérale, indique Nicolas Martin, bourgmestre PS de Mons. Cela reviendrait à encombrer le conseil communal de questions pour lesquelles il n’a pas été élu.  »

 » Rue-conseil-rue  »

A Liège, l’un des deux élus PTB n’est autre que le bouillant porte-parole du parti, Raoul Hedebouw.  » Quand lui ou son collègue pose une question, ce n’est pas ma réponse qui les intéresse, ni même la question en tant que telle, c’est toute la communication qu’ils vont en tirer, affirme le bourgmestre socialiste Willy Demeyer. Ils ne se battent pas pour Liège, ils se battent pour le PTB. Ils instrumentalisent la ville.  » En Cité ardente, une fois sur deux, le PTB organise un rassemblement devant l’hôtel de ville, juste avant le conseil communal. C’était encore le cas le lundi 31 mars. A 18 heures, une cinquantaine de militants se sont massés place du Marché : des hommes, des femmes, des profs, des ouvriers, des étudiants à peine majeurs, des retraités aux yeux encore embués par la guerre d’Espagne, et même un ingénieur  » qui gagne super bien sa vie « . Objectif ? Faire pression pour que le conseil adopte une motion demandant le retrait des mesures fédérales sur la dégressivité du chômage.  » Nos élus défendent des propositions, puis ils reviennent vers les gens, ils leur rendent des comptes. Faire de la politique autrement, on pense que c’est ça aussi « , explique Rafik Rassa, 33 ans, directeur politique du PTB-Liège. Pour les disciples de Marx, la méthode tient en une formule :  » rue-conseil-rue « .

François Brabant

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