Le prix de la confiance

La tourmente s’est brusquement abattue sur le monde bancaire belge. Le 26 septembre, l’action Fortis plongeait et nos problèmes communautaires passaient d’un coup au second plan. Durant tout le week-end, le gouvernement a cherché une solution au manque de liquidités de Fortis. Le lundi 29, la Bourse de Bruxelles tremblait néanmoins encore sur ses fondations : Dexia accompagnait Fortis dans sa chute. Mais, vingt-quatre heures plus tard, les actions des deux banques esquissaient un mouvement à la hausse. La nationalisation partielle, en principe provisoire, de Fortis et de Dexia avait atteint son objectif. Une sorte d’union sacrée des niveaux de pouvoir permettait de renouer avec la confiance dont les marchés ont tant besoin.

Le pire est-il pour autant derrière nous ? Voire. A l’échelle mondiale, la finance retient son souffle en espérant que le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars proposé par Henry Paulson, secrétaire au Trésor américain, et qui devait être approuvé par le Congrès au moment où ces lignes ont été imprimées, ait l’effet escompté.

Ainsi, il aura fallu attendre l’imminence d’une faillite possible de l’ensemble du système financier pour que les Cassandre, qui tentaient de donner l’alerte depuis des mois, soient entendues et pour que les autorités se décident enfin à réagir, constate l’historien Raphaël van Breugel (UCL), coauteur de L’Anticapitalisme démocratique (Bénévent, à paraître en décembre). La débâcle a suscité une prise de conscience sans précédent et donné lieu à deux grandes critiques. 1. Les plans de sauvetage des pays occidentaux ont été acceptés comme la seule solution possible pour protéger les épargnants et relancer l’économie. Ils se sont inscrits dans cette tradition d’un capitalisme où les profits sont privatisés et les pertes, mutualisées. Car, bien sûr, l’Etat belge espère que les actions Dexia et Fortis, pour lesquelles il s’est endetté, vont remonter et lui permettront de toucher des bénéfices. Mais, en attendant, les citoyens devront payer d’autant plus d’impôts que des banques en difficulté en paieront moins, prédit Bernard de Romrée, administrateur délégué de la société de gestion Axitis.

2. La virulence de la critique porte également sur l’économie virtuelle et ses  » bulles  » spéculatives, par opposition à l’économie réelle. La demande actuelle de réguler davantage les marchés financiers procède du souci de briser les ailes à une finance spéculative mon-diale de plus en plus opaque et à la production de monnaie virtuelle sans valeur réelle, relève le prospectiviste Marc Halévy.

Conclusion : il faut quitter au plus vite la zone de turbulences financières. Mais il serait inacceptable de se contenter ensuite d’un simple retour à la  » normale « . De crises boursières en banques coulées par des traders fous, on ne peut continuer à rater des occasions de réformer un système où les responsables de tels fiascos restent impunis et où leurs erreurs appauvrissent toujours plus les contribuables.

dorothée klein

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