Dix ans de feuilletons à succès (ici, Amour sans fin) dans les ex-provinces de l'Empire ottoman. © DR

Le pouvoir des séries turques

Amour sans fin, Quel est le crime de Fatmagül ?Elif et quelques autres programmes tiennent en haleine, chaque jour, des millions de téléspectateurs des anciennes provinces balkaniques de l’Empire ottoman. Diffusées et rediffusées pendant des heures en version originale sous-titrée, ces séries télévisées turques cartonnent depuis une décennie dans la région.

L’engouement est sans précédent, confirme Sarina Bakic, professeur de sociologie à l’université de Sarajevo :  » Certains salariés prennent des jours de congé ou se font prescrire un arrêt maladie, afin de ne rien rater de l’histoire. Le suspense et les coups de théâtre les hypnotisent.  » C’est une réussite de la stratégie globale du  » soft power turc  » dans les Balkans. Les investissements importants de la Turquie dans la région pour construire des mosquées ou créer des écoles coraniques suscitent l’inquiétude, selon une source diplomatique européenne basée à Pristina, au Kosovo. Ce petit pays, l’un des plus pauvres d’Europe, n’a pas les moyens de produire ses propres séries. Or, les feuilletons turcs sont bon marché…

La clé du succès ? Les intrigues, bien sûr. De plus, passé commun aidant, les histoires se déroulent dans des maisons et jardins similaires à ceux des habitants des Balkans. On y prend le temps de bien se saluer, de demander comment va la famille, de servir à boire. Et on mange aussi des sarma (feuilles de vigne farcies) ou du baklava…  » Les Turcs sont plus beaux que les Américains. Et ils se comportent mieux « , badine une vendeuse sarajévienne. Dans ces séries, les personnages masculins explosent de virilité face à de douces femmes au foyer. Un schéma sociétal que les Balkans, paradis des stéréotypes sexistes et des traditions patriarcales, ne renient pas.

M. N.

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