Le poison de la jalousie

Célèbres ou anonymes, victimes de la vie vraie ou héros de roman, les jaloux ne se comptent plus. De l’amour passion à la déraison, quels sont les chemins intérieurs qui mènent du paradis à l’enfer ? Décryptage de cet emballement des sentiments.

Certaines assument, d’autres pas. A Patrick de Carolis, qui l’interroge en 2001 dans Conversation (Plon) pour savoir si elle a été jalouse du succès de son époux, Bernadette Chirac répond sans tortiller :  » Jalouse de son succès, non. Jalouse tout court ! Il y avait de quoi. Mon mari n’était pas un homme ordinaire [à] Il avait un succès formidable. Bel homme, et puis très enjôleur, très gai. Alors les filles, ça galopait. Heureusement qu’il y a la philosophie de l’âge. Mais oui, bien sûr, j’ai été jalouse. Il y avait de quoi, écoutez ! La chance de mon mari, c’est que j’ai été une fille très raisonnable, je crois.  »

Valérie et Cécilia

Certains ont de la chance, d’autres pas. A peine un mois après son entrée à l’Elysée, François Hollande s’est trouvé fragilisé par une fille pas du tout  » très raisonnable « , sa compagne Valérie Trierweiler. Rongée par ce  » désir de possession exclusive « , tel que le Robert définit la jalousie, elle en aurait perdu tout discernement, au point de soutenir publiquement l’adversaire de son ancienne rivale Ségolène Royal aux élections législatives. Depuis des années, le ressentiment violent de celle qui partage sa vie empoisonne l’aventure politique du nouveau chef de l’Etat, contraint, confirment ses proches, à des trésors d’inventivité pour communiquer en paix avec Royal, une femme qui demeure l’une des figures du PS et de la scène publique.

A la différence de Bernadette Chirac, Valérie Trierweiler n’a pas acquis la philosophie ni la sagesse au gré des années passées – à l’inverse, loin de l’inhiber, l’accession au pouvoir semble avoir aiguisé son obsession, au point d’exposer à la France entière l’intimité du couple présidentiel sur un simple coup de colère.

La jalousie exacerbée de la première dame, obnubilée par une histoire terminée, a corrodé en quelques mots tout le début du quinquennat.

Toutes les blessures ne cicatrisent pas, plaies intimes, blessures d’amour et d’amour-propre. Cécilia Sarkozy en a souffert, de ce goût pour les femmes auquel beaucoup d’hommes ne résistent pas. Anna Bitton, dans son livre Cécilia (Flammarion), raconte l’ex-épouse découvrant, après dix-huit ans d’aveuglement, que son époux était un  » sauteur « ,  » mot qui lui arrache la bouche et le c£ur  » :  » Personne ne m’avait rien dit pour ne pas me faire de mal. Ils ont bien fait, j’aurais eu trop mal.  »

Mick et Nicolas

Les tourments de l’âme sont devenus l’une des clés de l’histoire officielle quand les Sarkozy ont commencé à la réinventer au sommet du pouvoir. C’est un voyage en Corse que Cécilia refuse de faire, parce que d’autres avant elle ont aimé la douceur des lieux ; ce sont des amis du mari qu’elle éloigne parce qu’ils ont connu et apprécié d’autres visages, d’autres rires ; ce sont des mots blessants, des reproches, des cris que la rumeur relaie comme elle a répandu les récits d’autres lits. En montrant que sa jalousie avait pris l’ascendant sur tout autre sentiment, Valérie Trierweiler, elle, a aussi donné d’elle une image qu’il lui sera difficile de corriger. Elle qui avait affiché ses ambitions s’est définitivement interdit de jouer un autre rôle que celle d’une compagne effacée, la moins encombrante possibleà

Voilà qui lui laissera du temps pour discuter, à l’occasion, avec Nicolas Sarkozy : d’après le dernier biographe de Mick Jagger, le mari de Carla Bruni a refusé d’acheter un appartement, le jugeant beaucoup trop proche du pied-à-terre parisien du leader des Rolling Stones – longtemps l’amant de la chanteuse. A la tête de l’Etat comme ailleurs, la jalousie n’est pas l’apanage des épouses.

Elise Karlin

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