Le phénomène Turtelboom

A l’opposé de Joëlle Milquet. L’efficacité contre la confusion. La constance contre la versatilité.

ELLE N’A PAS ENCORE 45 ANS ACCOMplis. Elle a les cheveux noir corbeau. Elle est originaire de Ninove, a grandi à Puurs et habite depuis peu Anvers, à la demande de son président. Elle s’habille toujours à la mode belge. Sa couleur favorite est le noir, uniquement le noir. Elle est porteuse du record des réponses brèves à la Chambre.  » La réponse est oui, oui et oui, Monsieur Annemans « , assénait-elle un jour lors de la séance des questions orales au gouvernement. Elle joue, apparemment sans problème, son double rôle de ministre de la Justice et de tête de liste dans la plus grande et la plus difficile ville de Flandre, Anvers, face au plus dur des adversaires qui soit, un certain Bart De Wever. Elle, une Anversoise d’adoption. Lui, un  » Sinjoor  » pur-sang. Sans oublier Patrick Janssens et Filip Dewinter, arrivé de Bruges.

C’est une femme moderne. Elle assume de nombreuses tâches politiques. Du matin jusqu’à tard le soir.  » Comment combiner cela avec un foyer de deux enfants ? » lui a demandé un journaliste qui ne se doutait de rien.  » Je ne combine rien du tout « , répliqua-t-elle. C’est mon mari qui combine tout, et la famille m’aide un peu.  » Un constat, presque nonchalant, comme si cette situation ne la gênait aucunement. Une pointe d’arrogance naissante ? Non, le naturel à l’état pur.

Bref, un nouveau phénomène a surgi dans le monde politique en Flandre. Elle s’appelle Annemie Turtelboom, elle est l’espoir des libéraux flamands saisis par la peur, vu qu’ils ont cédé beaucoup de terrain. Son président de parti, son vice-Premier ministre, elle leur tient tête en usant de son charme, de sa détermination et de sa solidité. Elle se laisse rarement déconcerter. Ce fut la première impression qu’elle donnait déjà comme ministre de la Politique de migration et d’asile dans le gouvernement Leterme. Quoi que Marie Arena et Joëlle Milquet aient pu entreprendre, Turtelboom n’en démordait pas, malgré les grèves de la faim et les manifs.

Jusqu’à il y a peu, rien ne semblait plus réussir à son parti. Chaque sondage voyait s’effondrer un peu plus les libéraux flamands, presque phagocytés par la N-VA. Le dernier sondage ne lui donnait plus que 11 %. A comparer avec les 25 % que le parti engrangeait lors des élections de 2003, avec Verhofstadt à la barre. Certes, le renouveau, trop récent, n’est pas encore perceptible dans les sondages, mais l’ambiance à l’Open VLD a déjà changé grâce à une seule femme. En trois mois, elle a analysé la situation du parti à Anvers. Elle a conclu à un champ de ruines. Obtenant à peine 5,5 % dans les sondages. En une semaine, la ministre de la Justice a changé la donne. Le premier jour, elle a fait emprisonner Fouad Belkacem de Sharia4Belgium. Le lendemain, le chef de la police d’Anvers acceptait de prendre la deuxième place sur sa liste pour les communales. Le surlendemain, ce fut au tour de la directrice de l’athénée d’Anvers, icône de l’interdiction du voile islamique à l’école, de rejoindre sa liste. La surprise fut totale dans la métropole portuaire. Comme Tony Blair a créé le New Labour en son temps, Turtelboom construit le New VLD.

Son image contraste très fort avec celle de Joëlle Milquet. L’efficacité contre la confusion. La constance contre la versatilité. Il lui manque seulement un professeur de français. Son français est comme le néerlandais du Premier ministre. Il y a du progrès à faire.

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Comme Tony Blair a créé New Labour, Annemie Turtelboom construit le New VLD

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